L'Entretien du Dr Giuseppe De Benedittis par le Dr Gérard Fitoussi


Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°53



Professeur associé de neurochirurgie à l’Université de Milan (Italie). Ses spécialités incluent la psychiatrie et l’anesthésie.
Ancien directeur du Centre pluridisciplinaire d’étude et de thérapie de l’Université de Milan. Vice-président de la Societté Italian d’Hypnose (SIH).
Membre du bureau de la Société internationale d’hypnose depuis 2009, Giuseppe De Benedittis préside le comité scientifique ainsi que le groupe de liaison avec l’OMS pour la reconnaissance de l’hypnose. Il a à son actif plus de 200 publications et sept monographies dans les champs de la douleur et de l’hypnose. La Société internationale d’hypnose lui a décerné le prix Ernest Hilgard pour l’excellence scientifique en 2009.


Pouvez-vous nous donner quelques informations sur votre famille ?
Giuseppe De Benedittis : Je suis né dans une petite ville du sud de l’Italie, Puglia. Ma famille tenait une boutique de torréfaction de café. Mon père m’a encouragé à poursuivre mes aspirations et j’ai effectué mes études de médecine à la prestigieuse Université de Padoue. Je suis de- venu neurochirurgien. Je croyais au potentiel illimité de la neurochirurgie, mais j’ai très vite réalisé que mes attentes irréalistes ne se réaliseraient pas. Je me suis de plus en plus intéressé à la souffrance humaine et à ses mécanismes. Je suis en même temps devenu psychiatre, ce qui m’a beaucoup aidé pour prendre en charge les problèmes psychopathologiques des patients douloureux. C’est ainsi que j’ai trouvé l’hypnose sur mon chemin. Ça a été un véritable coup de foudre.

Comment avez-vous été exposé à l’hypnose ?
John Bonica, un des pionniers de la prise en charge de la douleur dans le monde, a été mon mentor. J’ai visité, comme professeur invité, son centre de recherche à Seattle. De retour en Italie, j’ai créé en 1980 le premier centre multidisciplinaire de la douleur, avec une approche multifactorielle incluant l’hypnose. Dans les années 1970 et 1980, les travaux de Hilgard à Stanford ont stimulé l’intérêt sur les mécanismes de l’analgésie hypnotique, et l’hypnose a été à nouveau reconnue comme une approche ayant des fondements scientifiques, et un moyen fiable et efficace pour traiter la douleur.

Qui vous a le plus influencé ?
Surtout Milton Erickson. Je l’ai rencontré deux fois. En 1978 pendant une semaine, et une seconde fois pendant tout un mois. Autant que je me souvienne, j’étais le seul Italien à l’époque. J’ai été impressionné par tant d’aspects différents chez lui. Tout d’abord sa façon non conventionnelle de diriger ses séminaires, si éloignée de l’arrogance académique. Son enseigne- ment m’a obligé à modifier mes façons d’apprendre, les faisant passer d’un niveau conscient à un niveau inconscient. Ceci explique les raisons pour lesquelles je suis tombé en transe profonde pour la première fois de ma vie lors d’un dîner avec Erick- son chez lui. Expérience renouvelée plu- sieurs années plus tard avec Kay Thompson à Rome. J’étais aussi impressionné par le fait que, bien qu’il aimait apparaître comme un autodidacte, on trouvait dans sa bibliothèque les ouvrages les plus importants dans différents domaines (psychanalyse ou thérapie comportementale). J’ai réalisé que c’était comme s’il était toujours sur scène. Il était quasiment impossible de séparer Mr Hypnose de l’homme privé. J’ai eu la très forte impression – partagée par Jay Haley – qu’Erickson était en fait définitivement un homme seul. Sa solitude était probablement le prix à payer pour le rôle qu’il se devait de jouer.

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Laurence ADJADJ est Présidente de l'Institut de Formation Hypnotim à Marseille PACA, Présidente… En savoir plus sur cet auteur

Rédigé le 30/10/2019 à 15:37 | Lu 788 fois | 0 commentaire(s) modifié le 13/05/2023
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