« Profond ». Revue Hypnose et Thérapies Brèves 69




Profond est le sommeil du juste. Est-ce alors juste que le dormeur revienne à la surface pour vous parler du profond ? Cela l’oblige à se réveiller juste au moment où il passe du sommeil profond au stade du sommeil nommé « R.E.M. », le « Rapid Eye Movement », là où les yeux s’agitent à tout vent bien que les paupières soient fermées. C’est complètement absurde d’avoir du vent quand tout est fermé. C’est peut-être pour cela que ce stade du sommeil est appelé paradoxal. Son paradoxe serait de suivre le sommeil profond ou d’être similaire à l’état d’éveil tout en étant du sommeil et, surtout, être le stade du sommeil où les rêves dansent en toute liberté. C’est le moment de la récré. Nous sommes quand même bizarres : dès qu’il se passe quelque chose qui échappe à ce que nous croyons être le réel et ose s’y confronter, voire s’y mesurer, cela nous paraît contradictoire ou paradoxal : les rêves face au réel, l’activité électrique du cerveau pendant la phase R.E.M. face à celle pendant l’éveil. Sommeil et éveil sont l’un le contraire de l’autre, soit on dort, soit on est réveillé, soit il fait jour, soit il fait nuit. Faudrait, une fois pour toutes, se décider !

Voilà que les enregistrements de l’activité du cerveau viennent nous contredire : en nous montrant un signal très similaire entre sommeil R.E.M. et l’état d’éveil, ils nous suggèrent que les choses ne sont pas si dichotomiques comme nous aimerions les voir et les avoir. Ne manquait plus que ça. C’est fâcheux, et quand c’est fâcheux nous sommes fâchés, et quand nous sommes fâchés nous taxons le sommeil R.E.M. de paradoxal pour revenir à notre certitude concernant les contraires qui ne peuvent pas se mélanger, encore moins se confondre quitte à perdre leur qualité de contraires et nous nos certitudes. Les choses doivent être comme nous les avons perçues et surtout comme nous avons décidé qu’elles sont. Un point c’est tout.


Oh, ne venez pas me contredire ! Je serais profondément agacé de devoir me replonger dans les profondeurs de mon raisonnement pour trouver une ombre de nuance. Mais comment voulez-vous que je trouve une ombre dans les profondeurs quand, par définition, les abîmes les plus profonds sont dans la plus noire obscurité ? Voici de nouveau du paradoxal : la plus noire obscurité. Comment peut-on affirmer que l’obscurité est noire si l’obscurité est absence de lumière et donc de vision. Peut-on voir une couleur hors lumière alors que la couleur en fait partie ? Ah ! vous allez me dire que le noir n’est pas une couleur. Mais si le noir n’est pas une couleur, cela signifie qu’il est vu tout simplement comme absence de lumière, ce qui voudrait dire que vous réussissez à voir une non-couleur en absence de lumière. A la prochaine coupure d’électricité je vous téléphonerai pour savoir tout ce que vous voyez. Le problème est que sans électricité le téléphone ne marchera pas non plus.

Comme quoi sans électricité nous nous trouvons sourds et muets en plus d’être aveugles sauf pour tout ce qui est noir. Ce sera le moment le plus propice pour écrire un roman noir sur du papier blanc que vous ne voyez pas. Ce dernier détail est d’une subtile importance : il vous évitera le drame de la page blanche et vous suggèrera plus facilement la trame de votre récit qui viendra se construire en ne changeant qu’une seule lettre. Etonnant, non ? La question si le noir est une couleur ou pas sera pour une autre fois. Dans l’histoire on a déjà affirmé que les couleurs n’existent pas en tant que telles mais uniquement quand elles sont perçues par l’oeil humain. Fermez les yeux et vous allez commencer à douter que le rideau vert est encore vert, que l’orange des oranges de l’oranger n’a pas quitté l’orange – vous suivez ? –, que le rouge du vin est encore présent, ce qui vous donnera une bonne excuse pour en boire une gorgée et pouvoir affirmer qu’il est bien toujours présent. Faux ! Car cette présence sera celle du vin rouge mais pas du rouge du vin…

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Dr Stefano COLOMBO
Médecin psychiatre, psychologue diplômé con sultant à la Faculté de Médecine de Genève (enseignement et supervision). Enseigne l’hypnose éricksonienne et la thérapie cognitive en France, Belgique, Suisse et Italie. Conférencier.

Dr Mohand CHÉRIF SI AHMED (alias Muhuc). Psychiatre en libéral à Rennes.
Formation en hypnose et thérapies brèves. Pratique des thérapies à médiations artistiques. Utilise particulièrement le dessin humoristique de situation en thérapie (pictodrame humoristique). Illustrateur et intervenant par le dessin d’humour lors de rencontres et congrès médicaux.

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Rédigé le 17/09/2023 à 22:21 | Lu 923 fois | 0 commentaire(s) modifié le 17/09/2023
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