« Accompagner…c’est faire un bout de chemin au coté de quelqu’un jusqu’à une destination dont nous ne connaissons pas la nature. Ce n’est pas lui proposer de faire le chemin à sa place. » Ravez
La personne en fin de vie se met spontanément dans un monde quasiment hypnotique généralement protecteur, induite par son immobilité corporelle qu’il soit dans un environnement hospitalier ou familial.
Dans son monde, les notions de temps et d’espace sont abolies et il ne peut laisser rentrer qu’un élu. La personne désignée peut être un proche de sa famille ou un soignant qui charme par sa réelle disponibilité, capable de s’exposer sans angoisse excessive au mouvement captatif induit par le mourant.
La fonction de la personne désignée est d’être dans la rencontre du vivant dans l’abstraction de la réalité du corps déformé par la maladie.
Le charme de la rencontre va se nourrir des échanges construits sur la mise en scène des souvenirs du patient sous la forme de contes.
Lui rendre ses souvenirs c’est le confirmer dans la vie.
D’ailleurs il est assez extraordinaire que dans ces échanges le patient utilisera des éléments de ses souvenirs pour dire adieu à la personne qui l’a accompagné.
Dans cette relation l’infra verbal et le corporel prévalent comme dans les premières relations de la mère et de son enfant.
« Un soir je passe le voir comme tous les soirs. Il était très mal (cancer du poumon métastasé en phase terminal) mais contrairement à son habitude, et bien qu’il me disait ne pas avoir de douleur physique, il était particulièrement agité.
Sa femme et son fils était avec lui et m’ont dit que l’infirmière l’avait sédaté mais cela n’avait eu aucun effet, bien au contraire il avait l’air de se débattre. Je me suis approché de son chevet, je lui ai pris sa main, j’ai posé ma tête sur son oreiller et j’ai commencé à lui parler. Je ne savais pas quoi lui dire mais je sentais qu’il fallait que je lui parle.
Je lui ai alors demandé s’il voulait que je lui raconte une histoire. »
Il m’a regardé avec un sourire et son regard vif, plein de lumière, et réussit à articuler : « oh oui ! »
C’est alors qui me vient à l’idée un bateau à voile rouge et bleu qu’il avait offert à mon fils quand il était petit… »
Le lendemain son fils m’a demandé ce que je lui avais chuchoté à l’oreille pendant une heure le soir qui l’avait si bien calmé et fait passer une nuit si tranquille, et pourquoi il avait l’air de me chercher à son réveil.
Je lui ai répondu que ce n’était rien : juste une histoire de bateau.
C’est alors qu’il a sorti de sa poche une feuille où mon oncle avait écrit d’une écriture déjà très difficile : « MA VIE EST UN BATEAU » Il les avait écrit dans l’après-midi avant que j’arrive. Son fils m’a demandé : « Tu le savais ? Non je ne le sais pas ! »
La personne en fin de vie se met spontanément dans un monde quasiment hypnotique généralement protecteur, induite par son immobilité corporelle qu’il soit dans un environnement hospitalier ou familial.
Dans son monde, les notions de temps et d’espace sont abolies et il ne peut laisser rentrer qu’un élu. La personne désignée peut être un proche de sa famille ou un soignant qui charme par sa réelle disponibilité, capable de s’exposer sans angoisse excessive au mouvement captatif induit par le mourant.
La fonction de la personne désignée est d’être dans la rencontre du vivant dans l’abstraction de la réalité du corps déformé par la maladie.
Le charme de la rencontre va se nourrir des échanges construits sur la mise en scène des souvenirs du patient sous la forme de contes.
Lui rendre ses souvenirs c’est le confirmer dans la vie.
D’ailleurs il est assez extraordinaire que dans ces échanges le patient utilisera des éléments de ses souvenirs pour dire adieu à la personne qui l’a accompagné.
Dans cette relation l’infra verbal et le corporel prévalent comme dans les premières relations de la mère et de son enfant.
« Un soir je passe le voir comme tous les soirs. Il était très mal (cancer du poumon métastasé en phase terminal) mais contrairement à son habitude, et bien qu’il me disait ne pas avoir de douleur physique, il était particulièrement agité.
Sa femme et son fils était avec lui et m’ont dit que l’infirmière l’avait sédaté mais cela n’avait eu aucun effet, bien au contraire il avait l’air de se débattre. Je me suis approché de son chevet, je lui ai pris sa main, j’ai posé ma tête sur son oreiller et j’ai commencé à lui parler. Je ne savais pas quoi lui dire mais je sentais qu’il fallait que je lui parle.
Je lui ai alors demandé s’il voulait que je lui raconte une histoire. »
Il m’a regardé avec un sourire et son regard vif, plein de lumière, et réussit à articuler : « oh oui ! »
C’est alors qui me vient à l’idée un bateau à voile rouge et bleu qu’il avait offert à mon fils quand il était petit… »
Le lendemain son fils m’a demandé ce que je lui avais chuchoté à l’oreille pendant une heure le soir qui l’avait si bien calmé et fait passer une nuit si tranquille, et pourquoi il avait l’air de me chercher à son réveil.
Je lui ai répondu que ce n’était rien : juste une histoire de bateau.
C’est alors qu’il a sorti de sa poche une feuille où mon oncle avait écrit d’une écriture déjà très difficile : « MA VIE EST UN BATEAU » Il les avait écrit dans l’après-midi avant que j’arrive. Son fils m’a demandé : « Tu le savais ? Non je ne le sais pas ! »