(entretien réalisé en octobre 2018)
Psychiatre et psychothérapeute, Peter Bloom, décédé le 10 septembre 2022 est une grande figure de l’hypnose aux Etats-Unis. Il est également membre honoraire dans plusieurs sociétés européennes dédiées à l’hypnose clinique et expérimentale. Ses recherches et responsabilités menées des deux côtés de l’Atlantique font de lui un véritable ambassadeur de l’hypnose.
- Bonjour Professeur Bloom ! Pouvez-vous nous donner quelques informations sur votre histoire personnelle ?
- Peter Bloom : J’ai grandi à Swarthmore, Pennsylvanie, dans la banlieue de Philadelphie.
- Que signifie le « B » dans Peter B. Bloom ? Brower.
- Y avait-il des membres de votre famille dans le domaine de la santé ?
- Le frère de mon père était médecin généraliste.
- Quels sont vos loisirs ?
- Le golf, la natation et la lecture.
- Quel fut votre premier contact avec l’hypnose ?
- A la fin de mes études de médecine, j’ai suivi un cours d’hypnose lors de mon résidanat en psychiatrie.
- Comment avez-vous approfondi vos connaissances en hypnose ?
- J’ai suivi des formations auprès d’institutions comme The Society for Clinical and Experimental Hypnosis (SCEH), l’American Society of Clinical Hypnosis (ASCH) et en lisant.
- A quel moment avez-vous décidé de faire de l’hypnose une composante importante de votre travail ?
- La métaphore que j’utiliserais est que j’ai plusieurs flèches dans mon carquois et que l’hypnose est l’une d’elles.
- Comment cela a-t-il été perçu ?
- Je n’étais pas psychanalyste mais la moitié des 165 médecins de mon staff à l’hôpital l’étaient. J’ai dû composer avec des collègues également engagés dans leurs domaines.
- Avez-vous eu à surmonter des obstacles ?
- Je me devais d’avoir toutes les références nécessaires et mon titre de Professeur de clinique a été très utile.
- Quelles sont les personnalités qui vous ont influencé en hypnose ?
- Milton Erickson à qui j’ai rendu visite en 1972, Jay Haley lorsqu’il était à Philadelphie, ainsi que des médecins de la région.
- Pouvez-vous nous dire quelques mots à propos de la contribution de Jay Haley ?
- C’était quelqu’un de très particulier, libre des contraintes habituelles. J’ai appris de lui la créativité. Avec son épouse nous avons créé le prix Jay Haley de la Société internationale d’Hypnose.
- Quelles lectures ont été importantes pour vous ?
- La plupart des cas décrits par Milton Erickson dans ses premiers livres, dont certains ont été recueillis par Jay Haley dans Advanced Techniques of Hypnosis and Therapy. Selected papers of Milton H. Erickson, paru en 1967, chez Grune & Stratton.
- Quelles sont les lectures que vous recommanderiez ?
- Tout livre peut avoir son sens. Nous avons tous des goûts et des styles différents de travailler.
- Vous avez été professeur de psychiatrie, l’hypnose est-elle enseignée aux étudiants en psychiatrie ?
- Il y avait un seul référent à la fois à l’Ecole de médecine de l’université de Pennsylvanie qui faisait des enseignements d’hypnose pour les étudiants en première année. Ce fut par ordre de pratique et pendant de nombreuses années, George Hoffman, Lillian Fredericks, Martin Orne, puis moi-même pendant les deux dernières années. Je viens juste de prendre ma retraite.
- Qui sera le prochain ?
- Je ne sais pas. Certains résidents en psychiatrie à qui j’ai enseigné à Penn n’ont plus d’enseignement actuellement. Les centres d’intérêt vont et viennent.
- Quelle est votre définition de l’hypnose ?
Lire la suite...
Psychiatre et psychothérapeute, Peter Bloom, décédé le 10 septembre 2022 est une grande figure de l’hypnose aux Etats-Unis. Il est également membre honoraire dans plusieurs sociétés européennes dédiées à l’hypnose clinique et expérimentale. Ses recherches et responsabilités menées des deux côtés de l’Atlantique font de lui un véritable ambassadeur de l’hypnose.
- Bonjour Professeur Bloom ! Pouvez-vous nous donner quelques informations sur votre histoire personnelle ?
- Peter Bloom : J’ai grandi à Swarthmore, Pennsylvanie, dans la banlieue de Philadelphie.
- Que signifie le « B » dans Peter B. Bloom ? Brower.
- Y avait-il des membres de votre famille dans le domaine de la santé ?
- Le frère de mon père était médecin généraliste.
- Quels sont vos loisirs ?
- Le golf, la natation et la lecture.
- Quel fut votre premier contact avec l’hypnose ?
- A la fin de mes études de médecine, j’ai suivi un cours d’hypnose lors de mon résidanat en psychiatrie.
- Comment avez-vous approfondi vos connaissances en hypnose ?
- J’ai suivi des formations auprès d’institutions comme The Society for Clinical and Experimental Hypnosis (SCEH), l’American Society of Clinical Hypnosis (ASCH) et en lisant.
- A quel moment avez-vous décidé de faire de l’hypnose une composante importante de votre travail ?
- La métaphore que j’utiliserais est que j’ai plusieurs flèches dans mon carquois et que l’hypnose est l’une d’elles.
- Comment cela a-t-il été perçu ?
- Je n’étais pas psychanalyste mais la moitié des 165 médecins de mon staff à l’hôpital l’étaient. J’ai dû composer avec des collègues également engagés dans leurs domaines.
- Avez-vous eu à surmonter des obstacles ?
- Je me devais d’avoir toutes les références nécessaires et mon titre de Professeur de clinique a été très utile.
- Quelles sont les personnalités qui vous ont influencé en hypnose ?
- Milton Erickson à qui j’ai rendu visite en 1972, Jay Haley lorsqu’il était à Philadelphie, ainsi que des médecins de la région.
- Pouvez-vous nous dire quelques mots à propos de la contribution de Jay Haley ?
- C’était quelqu’un de très particulier, libre des contraintes habituelles. J’ai appris de lui la créativité. Avec son épouse nous avons créé le prix Jay Haley de la Société internationale d’Hypnose.
- Quelles lectures ont été importantes pour vous ?
- La plupart des cas décrits par Milton Erickson dans ses premiers livres, dont certains ont été recueillis par Jay Haley dans Advanced Techniques of Hypnosis and Therapy. Selected papers of Milton H. Erickson, paru en 1967, chez Grune & Stratton.
- Quelles sont les lectures que vous recommanderiez ?
- Tout livre peut avoir son sens. Nous avons tous des goûts et des styles différents de travailler.
- Vous avez été professeur de psychiatrie, l’hypnose est-elle enseignée aux étudiants en psychiatrie ?
- Il y avait un seul référent à la fois à l’Ecole de médecine de l’université de Pennsylvanie qui faisait des enseignements d’hypnose pour les étudiants en première année. Ce fut par ordre de pratique et pendant de nombreuses années, George Hoffman, Lillian Fredericks, Martin Orne, puis moi-même pendant les deux dernières années. Je viens juste de prendre ma retraite.
- Qui sera le prochain ?
- Je ne sais pas. Certains résidents en psychiatrie à qui j’ai enseigné à Penn n’ont plus d’enseignement actuellement. Les centres d’intérêt vont et viennent.
- Quelle est votre définition de l’hypnose ?
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Dr PETER BLOOM
Professeur de clinique psychiatrique à l’Ecole de médecine de l’université de Pennsylvanie. Au retour de son service dans le corps de réserve de la marine américaine, il complète sa formation en gastro
-entérologie mais découvre en chemin l’importance de la relation corps
-esprit et de la psychothérapie. Il complète sa formation dans ce domaine ainsi qu’en hypnose. Il est Past
-Président de la Société internationale d’hypnose (ISH), membre de Société américaine d’Hypnose clinique (ASCH) et de la Société de Clinique et d’Hypnose expérimentale (SCEH), et Past-Président du Comité américain d’Hypnose médicale (ABMH). Il est correspondant étranger de la Société suédoise d’hypnose et membre honoraire de multiples sociétés européennes dont la Société européenne d’hypnose (ESH). Il est au comité de plusieurs journaux de références, le « Journal international d’hypnose clinique et expérimentale » (IJCEH) et le « Journal americain d’hypnose clinique » (AJCH). En 2001, il a coédité l’International Handbook of Clinical Hypnosis avec Graham Burrows et Robb Stanley. Il a reçu de nombreux prix et récompenses pour son travail, dont le prix Pierre Janet de la Société internationale d’hypnose, et la médaille d’or Benjamin Franklin.
Dr GÉRARD FITOUSSI
Président de l’European Society of Hypnosis. Ancien Président de la Confédération francophone d’Hypnose et de Thérapies brèves (CFHTB). Président de l’Association française d’Hypnose (AFHyp). Membre du comité de rédaction de la revue « Hypnose & Thérapies brèves ». Fontainebleau.
Professeur de clinique psychiatrique à l’Ecole de médecine de l’université de Pennsylvanie. Au retour de son service dans le corps de réserve de la marine américaine, il complète sa formation en gastro
-entérologie mais découvre en chemin l’importance de la relation corps
-esprit et de la psychothérapie. Il complète sa formation dans ce domaine ainsi qu’en hypnose. Il est Past
-Président de la Société internationale d’hypnose (ISH), membre de Société américaine d’Hypnose clinique (ASCH) et de la Société de Clinique et d’Hypnose expérimentale (SCEH), et Past-Président du Comité américain d’Hypnose médicale (ABMH). Il est correspondant étranger de la Société suédoise d’hypnose et membre honoraire de multiples sociétés européennes dont la Société européenne d’hypnose (ESH). Il est au comité de plusieurs journaux de références, le « Journal international d’hypnose clinique et expérimentale » (IJCEH) et le « Journal americain d’hypnose clinique » (AJCH). En 2001, il a coédité l’International Handbook of Clinical Hypnosis avec Graham Burrows et Robb Stanley. Il a reçu de nombreux prix et récompenses pour son travail, dont le prix Pierre Janet de la Société internationale d’hypnose, et la médaille d’or Benjamin Franklin.
Dr GÉRARD FITOUSSI
Président de l’European Society of Hypnosis. Ancien Président de la Confédération francophone d’Hypnose et de Thérapies brèves (CFHTB). Président de l’Association française d’Hypnose (AFHyp). Membre du comité de rédaction de la revue « Hypnose & Thérapies brèves ». Fontainebleau.
Commandez la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 68
- Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente dans son édito le contenu de ce n°68 :
Comment devenir un meilleur thérapeute ?
Cette question est au centre de notre pratique, elle implique la « présence » du thérapeute dans une approche centrée sur le corps relationnel, ainsi que la mise en place d’évaluations visant à améliorer la qualité du lien thérapeutique.
. François Cartault nous montre comment le travail sur le deuil implique de retrouver la relation perdue comme étape initiale avant de développer l’autonomie de la personne endeuillée. Dans la séance présentée, le questionnement narratif met en évidence l’importance de décrire les différences et les points communs entre les sujets pour enrichir et faire perdurer la relation.
. Solen Montanari nous décrit la situation d’Elisa, 14 ans, qui a perdu toute confiance, un « truc » l’empêchant de lâcher prise dans la relation de soin. Selon l’approche TLMR (Thérapie du lien et des mondes relationnels) qu’elle pratique, elle intègre sa propre résonance (image d’un iceberg et vécu de chair de poule) pour co-construire un imaginaire partagé où le thérapeute et Elisa regardent ensemble la scène et en ressentent les effets sous forme d’une expérience unique.
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond nous fait part de son expérience des séances d’hypnose partagées avec François Roustang. Elle souligne l’importance de la ''présence'' pour François Roustang dans sa manière de constituer une relation thérapeutique. Elle rappelle le principe qui gouverne sa pensée, l’existence de deux registres distincts : une forme discontinue correspondant à la dimension de l’individualité, et une forme continue, un fond, constitué de l’ensemble du système relationnel correspondant à la dimension de la singularité.
Ces trois auteurs mettent en scène ce qui est au centre de l’utilisation de l’hypnose en thérapie : le développement d’un processus coopératif où la présence du thérapeute est renforcée par le fait que ce dernier ne pense pas à la place du sujet.
. Grégoire Vitry et ses collaborateurs nous montrent comment la participation de chaque thérapeute à un réseau d’évaluation de sa propre pratique (Réseau SYPRENE) favorise une amélioration de notre pratique. Dans ce travail de recherche portant sur les effets de l’évaluation de l’alliance thérapeutique et de l’état de bien-être, nous comprenons l’importance de tenir compte de la perception du sujet et de partager avec nos pairs.
- L’édito de Gérard Ostermann dans l’Espace Douleur Douceur souligne l’importance de la capacité du thérapeute à faire un « pas de côté » pour rendre l’hypnose vivante dans les soins.
- Chirurgie maxillo-faciale en mission humanitaire, un article de Christine ALLARY
- Olivier de Palezieux nous parle du placebo
- Corps et espace sécure: changer le monde du patient par Jean-François DESJARDINS
- Dans le dossier consacré aux addictions, une constante est l’absence de confiance dans la relation humaine. Les trois auteurs, Maxime Devars, Anne Surrault et Nathalie Denis, nous proposent différentes manières de se libérer des symptômes bloqueurs de la relation (hyperactivité dans l’anorexie, conduite automatique chez le fumeur). Ils s’appuyent sur leur créativité et un imaginaire donnant toute sa place à la stratégie pour que les sujets puissent se réapproprier leur responsabilité dans le soin.
Nous retrouvons la qualité des chroniques habituelles, l’humour de Stefano et Muhuc, les situations cliniques richement décrites par Sophie Cohen, Adrian Chaboche et Nicolas D’Inca : à lire et à se laisser imprégner.
Ce numéro rend également hommage au Professeur Peter B. Bloom, ancien président de l’ISH qui vient de nous quitter le 10 septembre 2022 à l’âge de 86 ans. Dans une interview donnée à Gérard Fitoussi, il souligne l’importance de la créativité dans notre pratique et son espoir que l’hypnose continue à favoriser les rencontres et à nous faire partager des histoires de vie.
Crédit photo © Michel Eisenlohr
Comment devenir un meilleur thérapeute ?
Cette question est au centre de notre pratique, elle implique la « présence » du thérapeute dans une approche centrée sur le corps relationnel, ainsi que la mise en place d’évaluations visant à améliorer la qualité du lien thérapeutique.
. François Cartault nous montre comment le travail sur le deuil implique de retrouver la relation perdue comme étape initiale avant de développer l’autonomie de la personne endeuillée. Dans la séance présentée, le questionnement narratif met en évidence l’importance de décrire les différences et les points communs entre les sujets pour enrichir et faire perdurer la relation.
. Solen Montanari nous décrit la situation d’Elisa, 14 ans, qui a perdu toute confiance, un « truc » l’empêchant de lâcher prise dans la relation de soin. Selon l’approche TLMR (Thérapie du lien et des mondes relationnels) qu’elle pratique, elle intègre sa propre résonance (image d’un iceberg et vécu de chair de poule) pour co-construire un imaginaire partagé où le thérapeute et Elisa regardent ensemble la scène et en ressentent les effets sous forme d’une expérience unique.
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond nous fait part de son expérience des séances d’hypnose partagées avec François Roustang. Elle souligne l’importance de la ''présence'' pour François Roustang dans sa manière de constituer une relation thérapeutique. Elle rappelle le principe qui gouverne sa pensée, l’existence de deux registres distincts : une forme discontinue correspondant à la dimension de l’individualité, et une forme continue, un fond, constitué de l’ensemble du système relationnel correspondant à la dimension de la singularité.
Ces trois auteurs mettent en scène ce qui est au centre de l’utilisation de l’hypnose en thérapie : le développement d’un processus coopératif où la présence du thérapeute est renforcée par le fait que ce dernier ne pense pas à la place du sujet.
. Grégoire Vitry et ses collaborateurs nous montrent comment la participation de chaque thérapeute à un réseau d’évaluation de sa propre pratique (Réseau SYPRENE) favorise une amélioration de notre pratique. Dans ce travail de recherche portant sur les effets de l’évaluation de l’alliance thérapeutique et de l’état de bien-être, nous comprenons l’importance de tenir compte de la perception du sujet et de partager avec nos pairs.
- L’édito de Gérard Ostermann dans l’Espace Douleur Douceur souligne l’importance de la capacité du thérapeute à faire un « pas de côté » pour rendre l’hypnose vivante dans les soins.
- Chirurgie maxillo-faciale en mission humanitaire, un article de Christine ALLARY
- Olivier de Palezieux nous parle du placebo
- Corps et espace sécure: changer le monde du patient par Jean-François DESJARDINS
- Dans le dossier consacré aux addictions, une constante est l’absence de confiance dans la relation humaine. Les trois auteurs, Maxime Devars, Anne Surrault et Nathalie Denis, nous proposent différentes manières de se libérer des symptômes bloqueurs de la relation (hyperactivité dans l’anorexie, conduite automatique chez le fumeur). Ils s’appuyent sur leur créativité et un imaginaire donnant toute sa place à la stratégie pour que les sujets puissent se réapproprier leur responsabilité dans le soin.
Nous retrouvons la qualité des chroniques habituelles, l’humour de Stefano et Muhuc, les situations cliniques richement décrites par Sophie Cohen, Adrian Chaboche et Nicolas D’Inca : à lire et à se laisser imprégner.
Ce numéro rend également hommage au Professeur Peter B. Bloom, ancien président de l’ISH qui vient de nous quitter le 10 septembre 2022 à l’âge de 86 ans. Dans une interview donnée à Gérard Fitoussi, il souligne l’importance de la créativité dans notre pratique et son espoir que l’hypnose continue à favoriser les rencontres et à nous faire partager des histoires de vie.
Crédit photo © Michel Eisenlohr