Le corps est le réceptacle des événements de vie traversés par l’individu. Dans la Théorie polyvagale (1994), Stephen Porges met en lumière la régulation, par le système nerveux autonome, de trois états physiologiques fondamentaux : des réponses réflexes et automatiques de l’organisme. C’est le niveau de sécurité de l’individu, à un instant précis, qui détermine l’état physiologique qui va être activé. Lorsque l’individu est menacé, le premier état activé est « l’engagement social » (par le système parasympathique ventral), qui va permettre à l’individu d’être en lien avec ses pairs. S’il ne peut trouver de la sécurité dans la relation à l’autre, ou qu’il ressent un danger imminent, apparaît « la fuite ou le combat » (activation du système sympathique).
Si l’individu ne peut ni fuir, ni combattre, c’est le troisième état « le figement » qui survient (activation du système parasympathique dorsal) (1). Que l’expérience terrifiante soit unique ou perdure dans le temps, il y a peu de mots pour la décrire. Mais le corps garde en mémoire ces sensations et ces émotions qui n’ont bien souvent pas pu prendre fin au travers d’une relation sécurisante, et la personne reste bloquée dans un comportement de fuite, de combat ou de figement. Le corps devient le lieu d’expression de sensations liées à l’événement traumatique (images, sons...), qui quand elles ressurgissent déclenchent le système d’alarme de l’individu, et conduisent à la répétition de comportements de fuite, de combat ou de figement.
Dès son ouverture, le Centre régional du psychotraumatisme (CRP) des Pays de la Loire a souhaité enrichir son offre de soins par une prise charge corporelle. La porte d’entrée par le corps nous semble pertinente pour les personnes qui ne peuvent pas mettre de mots sur leur expérience traumatique, mais aussi pour celles qui intellectualisent leur vécu et se coupent de leur corps. Notre proposition s’est tournée vers les tremblements thérapeutiques, largement inspirés de la méthode TRE (Trauma Releasing Exercices) développée dans les années 1980 par David Berceli (2), à partir de son expérience dans des zones de conflits armés. Berceli a montré que le corps humain a la capacité de traverser des traumatismes et de s’en remettre. Capacité qui a permis à notre espèce de survivre, comme un « besoin biologique de lâcher le passé » (2), pour se remettre dans le présent et poursuivre vers l’avenir. Il part du postulat qu’il existe deux mécanismes réflexes et communs à tous les mammifères.
Le premier est une réaction réflexe de protection dans la position foetale. Cette réaction est mise en oeuvre par le système nerveux autonome, où le corps se replie sur lui-même pour protéger les organes vitaux contenus dans le thorax et l’abdomen. Si cette réaction se répète les tensions dans les muscles s’accentuent, et en l’absence d’élimination de ces tensions un état de tension chronique s’installe dans l’organisme. Le second mécanisme est un relâchement de la chaîne musculaire par les tremblements des muscles, déclenchés à partir des muscles psoas*, qui viennent libérer les tensions musculaires accumulées. Ce second mécanisme, bien que physiologique, qui vise à ramener le corps à l’équilibre, a tendance à être inhibé chez l’Homme.
Partant de ce constat, Berceli a développé une méthode qui à travers une série de sept exercices – simples à mettre en pratique, reproductibles et relativement accessibles – va permettre d’activer progressivement les muscles profonds de notre corps en partant des orteils, pour remonter aux adducteurs, aux ischio-jambiers, aux psoas. Le dernier exercice se pratique au sol : le patient est allongé sur le dos, dans la position de la grenouille, les plantes de pied l’une contre l’autre, les genoux relâchés sur les côtés. Progressivement les genoux se rapprochent l’un de l’autre. Puis les deux pieds se posent à plat au sol, et les genoux restent pliés côte à côte. On invite le patient à rester une quinzaine de minutes dans la position, pas plus, pour ne pas fatiguer le corps.
Cette position n’est pas neutre pour certains patients (notamment les victimes d’agression sexuelle), car elle peut induire un sentiment de vulnérabilité. Cette approche va permettre d’accueillir les tremblements qui vont partir des cuisses, du bassin et qui peuvent se propager à l’ensemble du corps en passant par des foyers de tensions chroniques et profondes dans l’objectif de les dissoudre. Pour faire cesser les tremblements, il suffit de tendre les jambes ou de se rouler en boule sur le côté. Bien que simple en apparence, cette technique nécessite l’accompagnement d’un professionnel pour aider les patients à se familiariser en toute sécurité avec ces tremblements parfois intenses. C’est une méthode de co-régulation, où chaque corps va capter l’état corporel de l’autre, ce qui va influer sur son propre état. Il est donc nécessaire que le professionnel qui accompagne ait un corps calme, capable d’accueillir ce qui vient, d’où l’importance que la relation avec le patient soit bien installée.
La répétition des exercices sur plusieurs séances, en sécurité, favorise une bonne intégration du processus par les patients, pour rendre les patients autonomes et qu’ils puissent ensuite pratiquer par eux-mêmes. Dans cette approche corporelle, on ne parle pas du trauma, les patients apprennent à se reconnecter à leur corps et à accueillir leurs sensations corporelles et leurs émotions. Cette pratique s’appuie sur les ressources du corps pour transformer et dépasser l’expérience du trauma. Elle développe la capacité du corps à se relâcher et celle du patient à autoréguler les tremblements et son équilibre émotionnel.
Cette approche peut être proposée en individuel ou en groupe. Au CRP, dans le cadre des prises en charge groupales, chaque personne est reçue individuellement par la professionnelle qui anime la médiation, afin d’établir une relation de confiance, de sécurité qui va ainsi faciliter la capacité d’accueil des sensations. La médiation est en place depuis un an et demi et douze groupes, à ce jour, ont pu se succéder. Chaque groupe, composé de cinq personnes, se réunit de façon hebdomadaire sur six séances, comprenant chacune un temps de pratique des tremblements suivi d’un temps d’échange. Six séances pour mieux se connaître et appréhender un nouvel outil afin de devenir autonome dans sa pratique personnelle. Six séances pour renouer progressivement avec ce corps qui a pu être oublié, entrer dans son corps dissocié, et se réapproprier et apprivoiser en douceur ses sensations. Il s’agit d’initier un processus et remettre progressivement le corps en mouvement.
Cas clinique 1
Monsieur V. est un homme de 58 ans. Ancien gendarme d’un régiment de cavalerie, il est présent professionnellement lors des attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan. Ce qu’il retient sept ans plus tard, outre les images traumatiques persistantes, c’est de s’être senti « abandonné » par l’armée. Malgré une psychothérapie, il persiste à ce jour une anxiété généralisée, une agoraphobie, un isolement. C’est dans ce contexte, que nous accueillons Monsieur V. au sein d’un groupe. Monsieur V. est de bon contact. Son côté perfectionniste lui a permis d’accepter la proposition du groupe, même si l’idée de se confronter à d’autres personnes et de perdre sa position d’aidant le rend vulnérable ; il veut tout de même se donner les moyens d’aller mieux.
La première séance peut être source de stress : pas toujours simple de trouver sa place, dans l’espace, dans la relation aux autres, comment être à la bonne distance, pas toujours facile de pratiquer un nouvel outil que l’on ne connaît pas... Monsieur V. participe activement dans les premiers exercices : l’amplitude de ses mouvements est limitée, son corps est souvent en déséquilibre et il semble chercher les limites, jusqu’où il peut aller pour rester dans sa zone de tolérance. Dans la phase au sol, il accueille les tremblements dans les jambes avec beaucoup d’étonnement, il est déstabilisé : « Qu’est-ce que mon corps met en place qui n’est pas régit par mon contrôle ? » Sa curiosité l’emportera, il accepte de revenir et de poursuivre cette médiation.
Toute la deuxième séance, Monsieur V. observe. C’est nouveau pour lui de se centrer sur ses sensations corporelles, lui qui se décrit comme quelqu’un de plutôt renfermé, à la fois fermé aux autres mais aussi à ce que son corps vient lui dire. Sensations qu’il a préféré éviter, fuir, tant elles étaient angoissantes et déstabilisantes pour lui depuis les événements.
Il est donc important de pouvoir l’aider à se réapproprier en douceur ses sensations. Pendant le temps des tremblements, il semble justement lutter contre ceux-ci. Sa faculté à s’autoréguler émotionnellement étant amoindrie ; mon intervention va donc être de lui proposer d’arrêter le processus en allongeant les deux jambes ou de le ralentir en n’allongeant qu’une jambe. Il pourra exprimer à la fin, ressentir une détente, comme un état « stone » qu’il n’a pas connu depuis « bien longtemps ».
A la troisième séance, sa relation aux autres est plus fluide. Son corps commence à trouver l’équilibre dans les premiers exercices. Le temps des tremblements est plus difficile pour lui ce jour ; son corps continue de lutter contre les sensations, les tremblements sont diffus dans les jambes, quelque peu désorganisés avec une respiration saccadée. Il ressent de la colère. Je lui propose de mettre une main sous ses lombaires. Il l’accepte et ressent une sensation de chaleur. Cette métaphore du soutien lui permettra d’accueillir la colère, qui va se transformer petit à petit en pleurs puis la faire disparaître. L’accompagnement par la main vient libérer un point de tension qui jusque-là empêchait les tremblements de monter dans le bassin et l’abdomen, la respiration devient de plus en plus ample au fil du temps. Il dira que « son corps est assemblé », « entier ». L’accompagnement semble lui avoir permis de trouver une certaine sécurité intérieure. Une grande fatigue s’empare de lui.
Il arrive à la quatrième séance plus souriant, exprimant sa satisfaction de retrouver le groupe. Il dit ne pas observer de changement dans son quotidien mais après questionnement, il se souvient s’être surpris à avoir été patient en attendant son train en retard : « J’ai même vu un SDF qui est venu vers moi sans que j’ai eu peur et que je fuis ! » Il n’est pas toujours facile pour les patients d’observer les petits changements positifs, et c’est à nous de les aider à s’en rendre compte. Pendant cette séance, il apprend de mieux en mieux à réguler les sensations et les émotions, soit en allongeant les deux jambes pour que le processus s’arrête, soit en allongeant une jambe pour favoriser un passage plus en douceur. Il retrouve peu à peu sa capacité à s’autoréguler, à trouver ses limites et faire alliance avec son corps. Il se sent prêt à refaire la médiation chez lui de façon autonome.
Les deux dernières séances seront pour lui des moments de réajustement émotionnel. L’apprentissage en groupe lui a donné un cadre contenant (le groupe pouvant être considéré comme une véritable ressource) où il lui a été possible progressivement d’intégrer une sécurité intérieure, un positionnement face aux autres et à soi-même, augmentant ainsi sa confiance et son estime de lui-même. Il continue d’observer des petits changements positifs (baisse de l’anxiété, meilleur sommeil, diminution de l’agoraphobie), ce qui l’incite à poursuivre au-delà du groupe.
Pour lire la suite de cet article de la revue...
Si l’individu ne peut ni fuir, ni combattre, c’est le troisième état « le figement » qui survient (activation du système parasympathique dorsal) (1). Que l’expérience terrifiante soit unique ou perdure dans le temps, il y a peu de mots pour la décrire. Mais le corps garde en mémoire ces sensations et ces émotions qui n’ont bien souvent pas pu prendre fin au travers d’une relation sécurisante, et la personne reste bloquée dans un comportement de fuite, de combat ou de figement. Le corps devient le lieu d’expression de sensations liées à l’événement traumatique (images, sons...), qui quand elles ressurgissent déclenchent le système d’alarme de l’individu, et conduisent à la répétition de comportements de fuite, de combat ou de figement.
Dès son ouverture, le Centre régional du psychotraumatisme (CRP) des Pays de la Loire a souhaité enrichir son offre de soins par une prise charge corporelle. La porte d’entrée par le corps nous semble pertinente pour les personnes qui ne peuvent pas mettre de mots sur leur expérience traumatique, mais aussi pour celles qui intellectualisent leur vécu et se coupent de leur corps. Notre proposition s’est tournée vers les tremblements thérapeutiques, largement inspirés de la méthode TRE (Trauma Releasing Exercices) développée dans les années 1980 par David Berceli (2), à partir de son expérience dans des zones de conflits armés. Berceli a montré que le corps humain a la capacité de traverser des traumatismes et de s’en remettre. Capacité qui a permis à notre espèce de survivre, comme un « besoin biologique de lâcher le passé » (2), pour se remettre dans le présent et poursuivre vers l’avenir. Il part du postulat qu’il existe deux mécanismes réflexes et communs à tous les mammifères.
Le premier est une réaction réflexe de protection dans la position foetale. Cette réaction est mise en oeuvre par le système nerveux autonome, où le corps se replie sur lui-même pour protéger les organes vitaux contenus dans le thorax et l’abdomen. Si cette réaction se répète les tensions dans les muscles s’accentuent, et en l’absence d’élimination de ces tensions un état de tension chronique s’installe dans l’organisme. Le second mécanisme est un relâchement de la chaîne musculaire par les tremblements des muscles, déclenchés à partir des muscles psoas*, qui viennent libérer les tensions musculaires accumulées. Ce second mécanisme, bien que physiologique, qui vise à ramener le corps à l’équilibre, a tendance à être inhibé chez l’Homme.
Partant de ce constat, Berceli a développé une méthode qui à travers une série de sept exercices – simples à mettre en pratique, reproductibles et relativement accessibles – va permettre d’activer progressivement les muscles profonds de notre corps en partant des orteils, pour remonter aux adducteurs, aux ischio-jambiers, aux psoas. Le dernier exercice se pratique au sol : le patient est allongé sur le dos, dans la position de la grenouille, les plantes de pied l’une contre l’autre, les genoux relâchés sur les côtés. Progressivement les genoux se rapprochent l’un de l’autre. Puis les deux pieds se posent à plat au sol, et les genoux restent pliés côte à côte. On invite le patient à rester une quinzaine de minutes dans la position, pas plus, pour ne pas fatiguer le corps.
Cette position n’est pas neutre pour certains patients (notamment les victimes d’agression sexuelle), car elle peut induire un sentiment de vulnérabilité. Cette approche va permettre d’accueillir les tremblements qui vont partir des cuisses, du bassin et qui peuvent se propager à l’ensemble du corps en passant par des foyers de tensions chroniques et profondes dans l’objectif de les dissoudre. Pour faire cesser les tremblements, il suffit de tendre les jambes ou de se rouler en boule sur le côté. Bien que simple en apparence, cette technique nécessite l’accompagnement d’un professionnel pour aider les patients à se familiariser en toute sécurité avec ces tremblements parfois intenses. C’est une méthode de co-régulation, où chaque corps va capter l’état corporel de l’autre, ce qui va influer sur son propre état. Il est donc nécessaire que le professionnel qui accompagne ait un corps calme, capable d’accueillir ce qui vient, d’où l’importance que la relation avec le patient soit bien installée.
La répétition des exercices sur plusieurs séances, en sécurité, favorise une bonne intégration du processus par les patients, pour rendre les patients autonomes et qu’ils puissent ensuite pratiquer par eux-mêmes. Dans cette approche corporelle, on ne parle pas du trauma, les patients apprennent à se reconnecter à leur corps et à accueillir leurs sensations corporelles et leurs émotions. Cette pratique s’appuie sur les ressources du corps pour transformer et dépasser l’expérience du trauma. Elle développe la capacité du corps à se relâcher et celle du patient à autoréguler les tremblements et son équilibre émotionnel.
Cette approche peut être proposée en individuel ou en groupe. Au CRP, dans le cadre des prises en charge groupales, chaque personne est reçue individuellement par la professionnelle qui anime la médiation, afin d’établir une relation de confiance, de sécurité qui va ainsi faciliter la capacité d’accueil des sensations. La médiation est en place depuis un an et demi et douze groupes, à ce jour, ont pu se succéder. Chaque groupe, composé de cinq personnes, se réunit de façon hebdomadaire sur six séances, comprenant chacune un temps de pratique des tremblements suivi d’un temps d’échange. Six séances pour mieux se connaître et appréhender un nouvel outil afin de devenir autonome dans sa pratique personnelle. Six séances pour renouer progressivement avec ce corps qui a pu être oublié, entrer dans son corps dissocié, et se réapproprier et apprivoiser en douceur ses sensations. Il s’agit d’initier un processus et remettre progressivement le corps en mouvement.
Cas clinique 1
Monsieur V. est un homme de 58 ans. Ancien gendarme d’un régiment de cavalerie, il est présent professionnellement lors des attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan. Ce qu’il retient sept ans plus tard, outre les images traumatiques persistantes, c’est de s’être senti « abandonné » par l’armée. Malgré une psychothérapie, il persiste à ce jour une anxiété généralisée, une agoraphobie, un isolement. C’est dans ce contexte, que nous accueillons Monsieur V. au sein d’un groupe. Monsieur V. est de bon contact. Son côté perfectionniste lui a permis d’accepter la proposition du groupe, même si l’idée de se confronter à d’autres personnes et de perdre sa position d’aidant le rend vulnérable ; il veut tout de même se donner les moyens d’aller mieux.
La première séance peut être source de stress : pas toujours simple de trouver sa place, dans l’espace, dans la relation aux autres, comment être à la bonne distance, pas toujours facile de pratiquer un nouvel outil que l’on ne connaît pas... Monsieur V. participe activement dans les premiers exercices : l’amplitude de ses mouvements est limitée, son corps est souvent en déséquilibre et il semble chercher les limites, jusqu’où il peut aller pour rester dans sa zone de tolérance. Dans la phase au sol, il accueille les tremblements dans les jambes avec beaucoup d’étonnement, il est déstabilisé : « Qu’est-ce que mon corps met en place qui n’est pas régit par mon contrôle ? » Sa curiosité l’emportera, il accepte de revenir et de poursuivre cette médiation.
Toute la deuxième séance, Monsieur V. observe. C’est nouveau pour lui de se centrer sur ses sensations corporelles, lui qui se décrit comme quelqu’un de plutôt renfermé, à la fois fermé aux autres mais aussi à ce que son corps vient lui dire. Sensations qu’il a préféré éviter, fuir, tant elles étaient angoissantes et déstabilisantes pour lui depuis les événements.
Il est donc important de pouvoir l’aider à se réapproprier en douceur ses sensations. Pendant le temps des tremblements, il semble justement lutter contre ceux-ci. Sa faculté à s’autoréguler émotionnellement étant amoindrie ; mon intervention va donc être de lui proposer d’arrêter le processus en allongeant les deux jambes ou de le ralentir en n’allongeant qu’une jambe. Il pourra exprimer à la fin, ressentir une détente, comme un état « stone » qu’il n’a pas connu depuis « bien longtemps ».
A la troisième séance, sa relation aux autres est plus fluide. Son corps commence à trouver l’équilibre dans les premiers exercices. Le temps des tremblements est plus difficile pour lui ce jour ; son corps continue de lutter contre les sensations, les tremblements sont diffus dans les jambes, quelque peu désorganisés avec une respiration saccadée. Il ressent de la colère. Je lui propose de mettre une main sous ses lombaires. Il l’accepte et ressent une sensation de chaleur. Cette métaphore du soutien lui permettra d’accueillir la colère, qui va se transformer petit à petit en pleurs puis la faire disparaître. L’accompagnement par la main vient libérer un point de tension qui jusque-là empêchait les tremblements de monter dans le bassin et l’abdomen, la respiration devient de plus en plus ample au fil du temps. Il dira que « son corps est assemblé », « entier ». L’accompagnement semble lui avoir permis de trouver une certaine sécurité intérieure. Une grande fatigue s’empare de lui.
Il arrive à la quatrième séance plus souriant, exprimant sa satisfaction de retrouver le groupe. Il dit ne pas observer de changement dans son quotidien mais après questionnement, il se souvient s’être surpris à avoir été patient en attendant son train en retard : « J’ai même vu un SDF qui est venu vers moi sans que j’ai eu peur et que je fuis ! » Il n’est pas toujours facile pour les patients d’observer les petits changements positifs, et c’est à nous de les aider à s’en rendre compte. Pendant cette séance, il apprend de mieux en mieux à réguler les sensations et les émotions, soit en allongeant les deux jambes pour que le processus s’arrête, soit en allongeant une jambe pour favoriser un passage plus en douceur. Il retrouve peu à peu sa capacité à s’autoréguler, à trouver ses limites et faire alliance avec son corps. Il se sent prêt à refaire la médiation chez lui de façon autonome.
Les deux dernières séances seront pour lui des moments de réajustement émotionnel. L’apprentissage en groupe lui a donné un cadre contenant (le groupe pouvant être considéré comme une véritable ressource) où il lui a été possible progressivement d’intégrer une sécurité intérieure, un positionnement face aux autres et à soi-même, augmentant ainsi sa confiance et son estime de lui-même. Il continue d’observer des petits changements positifs (baisse de l’anxiété, meilleur sommeil, diminution de l’agoraphobie), ce qui l’incite à poursuivre au-delà du groupe.
Pour lire la suite de cet article de la revue...
MURIELLE FIGUREAU Infirmière au CHU de Nantes, exerce au Centre régional du psychotraumatisme des Pays de la Loire. Formée à l’hypnose ericksonnienne et aux thérapies brèves à l’ARePTA-Institut Milton Erickson de Nantes depuis 2015.
Dr ALEXANDRA PRINCÉ Psychiatre au CHU de Nantes, responsable d’une unité de psychiatrie adulte, exerce également au Centre régional du psychotraumatisme des Pays de la Loire. Formée à l’hypnose ericksonnienne et aux thérapies brèves à l’ARePTA-Institut Milton Erickson de Nantes depuis 2018.
Dr ALEXANDRA PRINCÉ Psychiatre au CHU de Nantes, responsable d’une unité de psychiatrie adulte, exerce également au Centre régional du psychotraumatisme des Pays de la Loire. Formée à l’hypnose ericksonnienne et aux thérapies brèves à l’ARePTA-Institut Milton Erickson de Nantes depuis 2018.
Commander le Hors-Série de Revue Hypnose & Thérapies Brèves sur le Psychotraumatisme
Vous recherchez une formation officielle en EMDR - IMO ® ?
Vous êtes professionnel de la santé: médecin, psychologue, kinésithérapeute, infirmier, ostéopathe, psychothérapeute, orthophoniste, et vous recevez des patients présentant des psychotraumas...
Vous recherchez une Formation Certifiante dans un institut Officiellement validé par France EMDR IMO ®.
Alors, vous pouvez suivre les formations sur Paris, Marseille, Annecy. Voir l'agenda des Formations
Formations sur 8 jours pour les praticiens pas ou peu formés en hypnose et thérapie brève centrée solution.
Formations sur 3 jours pour les praticiens déjà formés en hypnose et thérapie brève centrée solution.
Vous recherchez une Formation Certifiante dans un institut Officiellement validé par France EMDR IMO ®.
Alors, vous pouvez suivre les formations sur Paris, Marseille, Annecy. Voir l'agenda des Formations
Formations sur 8 jours pour les praticiens pas ou peu formés en hypnose et thérapie brève centrée solution.
Formations sur 3 jours pour les praticiens déjà formés en hypnose et thérapie brève centrée solution.
FORMATEURS et SUPERVISEURS CERTIFIES EMDR IMO.
- Laurence ADJADJ: Psychologue, Psychothérapeute, Présidente de France EMDR IMO ® et de l'Institut HYPNOTIM.
- Laurent GROSS: Psychothérapeute Certifié par ARS en 2013, Kinésithérapeute, Vice-Président de France EMDR IMO ®, Président du CHTIP Collège d’Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris et de l'Institut IN-DOLORE
- Dr Pascal VESPROUMIS: Médecin Addictologue, Président de l'ACCH. Anime les supervisions.
- Dr Roxane COLETTE: Médecin Psychiatre, auteur du livre: Petits maux, grands traumas: de l’EMDR à l’IMO, une nouvelle voie de guérison.
- Sophie TOURNOUËR: Psychologue, Psychothérapeute, Thérapeute Familiale et de Couple. Anime les supervisions.
- Claire DAHAN: Psychologue, Psychothérapeute. Conférencière internationale.
- Laurent GROSS: Psychothérapeute Certifié par ARS en 2013, Kinésithérapeute, Vice-Président de France EMDR IMO ®, Président du CHTIP Collège d’Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris et de l'Institut IN-DOLORE
- Dr Pascal VESPROUMIS: Médecin Addictologue, Président de l'ACCH. Anime les supervisions.
- Dr Roxane COLETTE: Médecin Psychiatre, auteur du livre: Petits maux, grands traumas: de l’EMDR à l’IMO, une nouvelle voie de guérison.
- Sophie TOURNOUËR: Psychologue, Psychothérapeute, Thérapeute Familiale et de Couple. Anime les supervisions.
- Claire DAHAN: Psychologue, Psychothérapeute. Conférencière internationale.