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Noir c'est noir, enquête d'une microscopique lumière. Revue Hypnose & Thérapies brèves 75.


Solen Chezalviel pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.



Noir c'est noir, enquête d'une microscopique lumière. Revue Hypnose & Thérapies brèves 75.
L’auteure nous propose ici la retranscription d’une séance vécue avec l’un de ses patients, où il s’agit de trouver la petite lueur au bout d’un long tunnel noir...

Toute la séance est faite sur le ton de la dérision et de l’humour un peu noir. Le patient (qu’on nommera Antoine) me consulte pour un problème de claustrophobie. Nous en sommes à la quatrième séance. Lors de la séance précédente, nous avions abordé le monde d’échec dans lequel il était et dans lequel il comptait m’emmener en mettant la barre tellement haut et inaccessible que même lui savait qu’il ne pourrait jamais l’atteindre et donc moi non plus. Nous avions conclu la séance sur le fait qu’il voulait faire une thérapie qui l’amènerait pour une fois à une thérapie. Il démarre la séance en me disant qu’il vient, juste avant de venir, de faire une énorme boulette dans le nouveau job qu’il vient de commencer depuis une semaine. En rigolant je lui demande si ce n’est pas un acte manqué de l’avoir fait juste avant la séance... Evidemment cette boulette lui est insupportable, puisqu’extrêmement perfectionniste, il ne ferait jamais cette erreur, les autres oui, mais pas lui.


-Thérapeute : « Pourquoi les autres oui mais pas vous ?
-Antoine : Parce que les autres sont tous nuls.
-Th. : Les autres sont tous nuls mais pas vous ?
-Antoine : Si, moi aussi, mais je fais en sorte d’être parfait pour ne pas le montrer.
-Th. : Donc les autres sont tous nuls et vous aussi. Les autres ça correspond à qui ? Y a-t-il des personnes qui ne sont pas nulles ?
-Antoine : Quelques rares exceptions, et encore...
-Th. : Donc la population mondiale est nulle ? Même les enfants ?
-Antoine : Oui, même les enfants car ils sont formatés par leurs parents. A la rigueur, les tout-petits.
-Th. : Les tout-petits jusqu’à quel âge ?
-Antoine : A partir de 5 ans ils sont formatés, donc jusqu’à 4 ans.
-Th. : Donc on peut dire que les enfants de 0 à 4 ans ne sont pas nuls ?
-Antoine : Oui.
-Th. : Donc on peut considérer que sur une population mondiale, finalement si on compte tous les 0-4 ans, vu qu’il y a quand même beaucoup d’enfants et qu’en plus les naissances sont à peu près régulières, qu’il y a quand même un grand nombre d’enfants, et donc de la population mondiale, qui ne sont pas nuls ?
-Antoine : Moui (en souriant et rigolant)... mais malgré tout, ils vivent dans un environnement abominable, entre les guerres, l’environnement... en fait la vie est un vrai fardeau.
-Th. : Donc, si je comprends bien, vous dites que vous vivez dans un monde de nuls où seuls les petits de 0-4 ans ne sont pas nuls et que la vie est un fardeau ?
-Antoine : Oui, c’est ça.
-Th. : Donc, si je comprends bien, vous vivez dans un monde de nuls et dans une vie de merde ?
-Antoine : Oui, c’est tout à fait ça !
-Th. : Et vu qu’en plus, on l’a vu la dernière fois, vous vivez dans un monde d’échec, je me dis c’est sympa votre vie quand même ! Monde d’échec, monde de nuls et vie de merde !
-Antoine (rires) : Ah oui, je vous ai dit, c’est super sympa !
-Th. : Et vous pouvez me dire finalement ce qu’est un monde de nuls et une vie de merde ?
-Antoine : Bah ! les gens sont tous incompétents, ils ont un côté navrant, quand vous voyez les guerres, la bataille pour l’argent, la course après le pouvoir...
-Th. : OK, donc le monde des nuls c’est qu’ils sont tous incompétents et sont navrants... Et la vie de merde ?
-Antoine : On n’est pas fait pour un schéma qu’on nous impose d’aller bosser, prendre des vacances, courir après l’argent, mais pour faire quoi ? Etre comme les chiens à qui on donne leur susucre dès qu’ils font quelque chose de bien. Nous c’est pareil, on nous donne notre susucre, dès que tu travailles tant de temps, tu as ta petite semaine de vacances (il fait le geste du sucre sous le nez).
-Th. : Donc, si je comprends bien, on est déshumanisés ?
-Antoine : Oui, totalement.
-Th. : Donc, si je résume la situation, vous êtes dans un monde nul, dans un monde d’échec, une vie de merde et un monde de déshumanisation ?
-Antoine : Oui, tout à fait !
-Th. : Et puis en plus c’est sympa parce que le monde d’échec s’imbrique bien avec le monde de nuls et la vie de merde avec la déshumanisation. On peut faire des allers-retours entre chaque monde, c’est vachement sympa comme vie quand même !
-Antoine : J’ai l’impression d’être dans une pièce noire sans issue de secours.
-Th. : Ah oui, je vous confirme ! Elle est noire, noire, noire la pièce, tellement sombre et noire que même s’il y avait une issue de secours, vous ne pourriez pas la voir.
-Antoine : Pas faux... »
-Th. : « Je me dis, est-ce que, éventuellement, Antoine pourrait envisager l’idée que peut-être on pourrait mettre une micro mais vraiment une microscopique lumière dans cette pièce hyper sombre et noire ?

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Solen Chezalviel

De formation infirmière, aujourd’hui hypnothérapeute en cabinet libéral sur Angers. Formée en Hypnose et thérapie brève et thérapie stratégique à l’Institut Emergences de Rennes. Formée en TLMR (HTSMA, EMDR) et en thérapie narrative à l’Institut Mimethys de Nantes.

N°75 : Nov. / Déc. 2024 / Janv.  2025

Les interactions pour favoriser un changement

Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :

Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.

. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.

. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.

. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.

Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.

Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.

Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.

A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.

. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.

Les rubriques :
Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal





Rédigé le 23/04/2025 à 23:58 | Lu 17 fois | 0 commentaire(s) modifié le 24/04/2025

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