Témoignage sur 17 jours dans les griffes du Covid-19... Ma femme, effondrée, vient de me déposer sur le parking des Urgences. Je me dirige péniblement vers l’interphone de l’entrée des urgences réservées aux patients suspects de Covid-19 avant d’appuyer sur l’interphone. A cet instant, et avant même que la porte ne s’ouvre, cela ne fait plus l’ombre d’un doute, je viens de passer de l’autre côté. Je suis malade et n’ai pas été épargné du SARS-CoV-2 dont la présence s’est fait sentir depuis plus d’une semaine. Ceci très certainement dans les suites d’une expédition demandée par l’ARS dans un Ehpad pour effectuer des prélèvements avec la cadre de mon service cinq jours plus tôt encore.
Et ce qui semblait de prime abord anodin, des céphalées, des courbatures, des frissons et une petite asthénie, s’est aggravé depuis quarante-huit heures. Beaucoup de fièvre, une fatigue inhabituelle, un peu de toux et un essoufflement dont j’ai à ce stade à peine con - science. C’est alors que j’ai décidé de prendre les choses en main, de sortir de mon isolement pour me livrer à l’expertise et aux soins de mes confrères. Je l’ignore encore mais je vais être hospitalisé 17 jours loin des miens puisque toute visite sera désormais interdite. En USC d’abord, dans le pôle dont j’ai la responsabilité, et après un scanner thoracique et des gaz du sang sans appel. Puis rapidement transféré via le Samu à Chambéry en pneumologie, et même en réanimation où j’échapperai à la ventilation invasive avant de retourner en USC puis en pneumologie à nouveau.
Dès mon arrivée ce jour-là aux Urgences, il me faut m’abandonner. Aux différents examens et soins prescrits, des plus inoffensifs comme la toilette aux plus redoutés comme les ponctions artérielles. Se laisser faire sans offrir la moindre résistance, s’effacer en quelque sorte au point de se réduire à être vivant comme l’a si bien explicité François Roustang. Abandon rendu toujours plus intense et nécessaire pour éviter une consommation accrue d’oxygène durant ces premiers jours où mon état respiratoire va s’aggraver dangereusement au point de me conduire en réanimation.
Et ce qui semblait de prime abord anodin, des céphalées, des courbatures, des frissons et une petite asthénie, s’est aggravé depuis quarante-huit heures. Beaucoup de fièvre, une fatigue inhabituelle, un peu de toux et un essoufflement dont j’ai à ce stade à peine con - science. C’est alors que j’ai décidé de prendre les choses en main, de sortir de mon isolement pour me livrer à l’expertise et aux soins de mes confrères. Je l’ignore encore mais je vais être hospitalisé 17 jours loin des miens puisque toute visite sera désormais interdite. En USC d’abord, dans le pôle dont j’ai la responsabilité, et après un scanner thoracique et des gaz du sang sans appel. Puis rapidement transféré via le Samu à Chambéry en pneumologie, et même en réanimation où j’échapperai à la ventilation invasive avant de retourner en USC puis en pneumologie à nouveau.
Dès mon arrivée ce jour-là aux Urgences, il me faut m’abandonner. Aux différents examens et soins prescrits, des plus inoffensifs comme la toilette aux plus redoutés comme les ponctions artérielles. Se laisser faire sans offrir la moindre résistance, s’effacer en quelque sorte au point de se réduire à être vivant comme l’a si bien explicité François Roustang. Abandon rendu toujours plus intense et nécessaire pour éviter une consommation accrue d’oxygène durant ces premiers jours où mon état respiratoire va s’aggraver dangereusement au point de me conduire en réanimation.
Dr OLIVIER DEBAS Médecin urgentiste et praticien hospitalier au sein du Centre hospitalier Docteur-Récamier de Belley (Ain), où il exerce les fonctions de chef du pôle Urgences - Smur - USC (Unité de surveillance continue) ainsi que de président du Clud (Comité de lutte contre la douleur). Il a ouvert une consultation d’hypnose médicale dans cet établissement. Formateur à l’AFEHM.
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N°58 : août/septembre/octobre – Parution le 31 juillet
Dossier : crise et après-crise
Le dossier de ce n°58 est consacré aux conséquences de la crise sanitaire sur les patients et aux pratiques thérapeutiques qui en découlent.
- Edito : Sophie Cohen
- On ne saurait se passer des étoiles. Marc-Alain Ouaknin, philosophe
- Leçon d’un confinement. David Le Breton, sociologue
- L’angoisse de mort. Véronique Cohier-Rahban, psychothérapeute
Espace Douleur Douceur
- Modifier nos pratiques thérapeutiques ? Henri Bensoussan, médecin hypnothérapeute
- Une bulle d’oxygène. Au centre hospitalier de Bligny. Agathe Delignières, psychologue
- L’expérience sécure. Développement du « lieu sûr ». Arnaud Zeman, Hypnothérapeute
Dossier « Crise et après crise »
Edito : Sophie Cohen
- La tulipe et le saule pleureur. Un conte de Jean-Marc Benhaiem, médecin hypnothérapeute
- 17 jours dans les griffes du Covid-19. Un témoignage d’Olivier Debas, médecin urgentiste, touché par la maladie.
- Ecrire pour sortir du problème. Vania Torres-Lacaze, Guillaume Delannoy, Annick Toussaint responsables de l’IGB
- Confinement : corps, émotions et représentations psychiques. Bruno Dubos
- Quiproquo, malentendu et incommunicabilité : « période bousculée ». Stefano Colombo et Mohand Chérif Si Ahmed (alias Muhuc)
- Les champs du possible : Connaître de l’Autre, Soi-même. Adrian Chaboche, spécialiste en médecine générale et globale
- Culture monde : Chamanisme chez les indiens Shipibos-Conibos. Jean-Marc Boyer, psychopraticien
- Les grands entretiens. Réglementer la pratique de l’hypnose. Entretien avec Gérard Fitoussi, président de la CFHTB
- Livres en bouche
- Ouvrages de David Le Breton
Dossier : crise et après-crise
Le dossier de ce n°58 est consacré aux conséquences de la crise sanitaire sur les patients et aux pratiques thérapeutiques qui en découlent.
- Edito : Sophie Cohen
- On ne saurait se passer des étoiles. Marc-Alain Ouaknin, philosophe
- Leçon d’un confinement. David Le Breton, sociologue
- L’angoisse de mort. Véronique Cohier-Rahban, psychothérapeute
Espace Douleur Douceur
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- Quiproquo, malentendu et incommunicabilité : « période bousculée ». Stefano Colombo et Mohand Chérif Si Ahmed (alias Muhuc)
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