La technique c’est ce qu’on veut avoir au début et ce dont on ne veut plus quand on avance. Un peu comme un sac à dos qu’on remplit du désir de bien guérir notre patient et qui se mélangerait, telle une peinture à l’eau, avec les couleurs de nos inquiétudes, nos exigences, doutes, hésitations, légitimité... Bref, tout ce qui fait de nous un humain et non un robot. Un « ChatGPT » (cette intelligence artificielle qui fait grandement parler d’elle en ce moment) ne doute pas. Nous si.
Aucune formation ne nous garantira un exercice sans risque. Celui de nous voir bousculé, perturbé, touché par des émotions que notre patient nous fait ressentir. Cela fait partie du cadre thérapeutique et on en a bien parlé depuis maintenant plus d’un siècle par ce qu’on appelle le contre-transfert : le praticien peut être conscient de ressentir des affects dans le cadre de la relation thérapeutique. Et puis il y a bien sûr aussi ce que nous projetons vers le patient, comme le disait Michael Balint, nous avons « une idée assez précise quoiqu’inconsciente de ce que le patient devrait faire pour aller mieux » qui est le reflet de notre propre idée de la guérison. Jusque-là c’est... presque simple. Transfert, contre-transfert, que l’on soit orienté solution ou d’inspiration analytique, ou d’autres obédiences théoriques, notre point commun se fait par deux êtres qui se rencontrent, se parlent, et l’un tente avec un profond Désir de répondre à une plainte de l’autre, en espérant... le guérir ! Ce qui est encore une autre dimension, dont on ne parle finalement que trop peu, c’est aussi ce Désir d’aider, de soigner, de guérir. Il n’est pas anodin de penser qu’on prétend à cela auprès d’un individu qui nous sollicite. Peut-être une (bonne) forme d’orgueil que de nous penser compétent à cela. Car on s’autorise à le penser au fond de nous avant même de faire des études, puisque... c’est ce qui va nous y pousser !
Donald Winnicott a parlé de la vocation du soignant qui se construit dans ce qu’il a appelé « l’enfant adultifié » : afin de se protéger d’une situation à laquelle il est mêlé et qui dépasse son âge, il incorpore une forme de responsabilité, pouvant le mener jusqu’à la culpabilité. La responsabilité d’un Autre, le pouvoir de l’aider, la culpabilité de ne pas y arriver. C’est un schéma, parmi bien d’autres évidemment, mais qui nous illustre comme le métier de thérapeute nous renvoie aussi à nous : le besoin de réparer, de résoudre une situation.
Un Désir profond naît et se tend à se réaliser, mais qui se heurte aussi à ce dont on cherche à se protéger dans notre fort (-tification) intérieur : ces hésitations, doutes, inhibitions, inquiétudes, et même angoisses. Nous en avons tous rencontrés en apprenant l’hypnose. Alors on se rassure par des connaissances qui viennent étayer cognitivement (et bien construire) notre Désir d’aider un autre. C’est rassurant le Savoir. Et indispensable évidemment pour ne pas faire n’importe quoi. Mais après ? On se retrouve face à nos certitudes et nos incertitudes. Notre Désir de guérir un autre nous pousse et on se donne confiance en pensant qu’on détient une certaine vérité, subjective, mais qui se rend objective, concrète par le confort de nos connaissances solides, stables, rassurantes. Alors plus j’en saurai mieux je soignerai ?
L’exploration de l’hypnose nous expose au cours des premières expériences au passage d’un cap qui est d’une certaine manière bien connu de tous et que l’on observe en formation. Lorsqu’on apprend, il y a un processus particulièrement complexe et passionnant neurologiquement qui va créer de nouvelles connexions dans notre cerveau.
Pour lire la suite en vous procurant la Revue Hypnose et Thérapies Brèves
Aucune formation ne nous garantira un exercice sans risque. Celui de nous voir bousculé, perturbé, touché par des émotions que notre patient nous fait ressentir. Cela fait partie du cadre thérapeutique et on en a bien parlé depuis maintenant plus d’un siècle par ce qu’on appelle le contre-transfert : le praticien peut être conscient de ressentir des affects dans le cadre de la relation thérapeutique. Et puis il y a bien sûr aussi ce que nous projetons vers le patient, comme le disait Michael Balint, nous avons « une idée assez précise quoiqu’inconsciente de ce que le patient devrait faire pour aller mieux » qui est le reflet de notre propre idée de la guérison. Jusque-là c’est... presque simple. Transfert, contre-transfert, que l’on soit orienté solution ou d’inspiration analytique, ou d’autres obédiences théoriques, notre point commun se fait par deux êtres qui se rencontrent, se parlent, et l’un tente avec un profond Désir de répondre à une plainte de l’autre, en espérant... le guérir ! Ce qui est encore une autre dimension, dont on ne parle finalement que trop peu, c’est aussi ce Désir d’aider, de soigner, de guérir. Il n’est pas anodin de penser qu’on prétend à cela auprès d’un individu qui nous sollicite. Peut-être une (bonne) forme d’orgueil que de nous penser compétent à cela. Car on s’autorise à le penser au fond de nous avant même de faire des études, puisque... c’est ce qui va nous y pousser !
Donald Winnicott a parlé de la vocation du soignant qui se construit dans ce qu’il a appelé « l’enfant adultifié » : afin de se protéger d’une situation à laquelle il est mêlé et qui dépasse son âge, il incorpore une forme de responsabilité, pouvant le mener jusqu’à la culpabilité. La responsabilité d’un Autre, le pouvoir de l’aider, la culpabilité de ne pas y arriver. C’est un schéma, parmi bien d’autres évidemment, mais qui nous illustre comme le métier de thérapeute nous renvoie aussi à nous : le besoin de réparer, de résoudre une situation.
Un Désir profond naît et se tend à se réaliser, mais qui se heurte aussi à ce dont on cherche à se protéger dans notre fort (-tification) intérieur : ces hésitations, doutes, inhibitions, inquiétudes, et même angoisses. Nous en avons tous rencontrés en apprenant l’hypnose. Alors on se rassure par des connaissances qui viennent étayer cognitivement (et bien construire) notre Désir d’aider un autre. C’est rassurant le Savoir. Et indispensable évidemment pour ne pas faire n’importe quoi. Mais après ? On se retrouve face à nos certitudes et nos incertitudes. Notre Désir de guérir un autre nous pousse et on se donne confiance en pensant qu’on détient une certaine vérité, subjective, mais qui se rend objective, concrète par le confort de nos connaissances solides, stables, rassurantes. Alors plus j’en saurai mieux je soignerai ?
L’exploration de l’hypnose nous expose au cours des premières expériences au passage d’un cap qui est d’une certaine manière bien connu de tous et que l’on observe en formation. Lorsqu’on apprend, il y a un processus particulièrement complexe et passionnant neurologiquement qui va créer de nouvelles connexions dans notre cerveau.
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Dr Adrian CHABOCHE
Spécialiste en médecine générale et globale au Centre Vitruve. Il est praticien attaché au Centre de traitement de la douleur CHU Ambroise- Paré. Il enseigne au sein du DU Hypnoanalgésie et utilisation de techniques non pharmacologiques dans le traitement de la douleur, Université de Versailles.