Pour aller à la rencontre de Marthe, plongée dans son monde de peur et d’inquiétude, le thérapeute va s’appuyer sur sa base de sécurité relationnelle. Alors l’accordage sera possible pour mobiliser les ressources de sa patiente...
SITUATION CLINIQUE
En attendant dans la salle d’attente, la tension de Marthe est perceptible. Elle entre dans le bureau précipitamment. Elle semble désorientée et ne sait pas où s’installer. Elle finit par choisir un siège, elle s’y pose tout au bord, les pieds rentrés, les mains sont crispées et accrochées l’une à l’autre afin de se soutenir réciproquement. Ses yeux bleus semblent délavés par les larmes, voire essorés. Lors des premiers échanges, Marthe explique qu’elle est partie avec ses trois enfants. Ils sont hébergés dans un foyer qui accueille un parent qui décide de quitter le domicile conjugal afin d’échapper à un danger. Elle parle de la violence de son mari.
Elle parle également de son papa qui est malade d’un cancer. Elle a actuellement une peur panique de sortir de son logement. Elle a peur de croiser son mari, elle craint qu’il ne la trouve, ou plutôt qu’il ne les trouve, elle et ses enfants. Elle ajoute : « Mes enfants sont actuellement dans un parc avec mes parents, j’ai peur pour eux, je ne sais pas de quoi il est capable. » Pendant tout l’entretien, le visage de Marthe est meurtri, le front semble replié sur lui-même, les yeux inquiets, les lèvres rentrées, chaque membre est tendu, à leur limite. Tout le corps de Marthe semble exprimer l’inquiétude, celle qu’elle ne cesse d’exprimer. Cette tension, je la perçois dans mon corps, elle est palpable et elle me traverse. C’est désagréable. La concordance entre les propos inquiétants et l’extrême tension corporelle semble tout emporter dans la pièce. Comment accompagner Marthe ? Comment trouver les mots ? Comment ne pas être emporté par un mouvement émotionnel ravageur ? Comment accompagner cette détresse si commune dans les consultations en thérapie ?
Marthe arrive avec son monde, celui qui la traverse, celui qui s’ouvre dans ses mots et dans son corps. Pour le thérapeute l’enjeu est de trouver la bonne distance par rapport à ce monde : trop éloigné et le patient se sent seul et incompris, trop proche et le patient éprouve un vécu d’intrusion, voire d’agression. Dans une telle situation, le patient sera tenté de vouloir faire disparaître les signes (ou les symptômes) les plus gênants : l’inquiétude et l’anxiété. Accéder à une telle demande en tant que thérapeute, ce serait oublier la fonction de l’anxiété, à savoir un signal d’alarme face à un danger. Travailler à faire disparaître l’anxiété serait contradictoire avec la nécessité de la présence de ce signal. Lorsqu’on éteint le signal d’alarme à incendie, les flammes ne s’éteignent pas pour autant. Encore faut-il appeler les pompiers : les ressources ! Par conséquent, l’enjeu de la thérapie est de mobiliser les ressources de la patiente afin qu’elle puisse trouver le comportement le plus adapté face au danger.
Mais, qu’est qu’une ressource ? La ressource est l’ensemble des actions, des relations et des expériences du patient qui ont contribué à construire sa vie afin d’avancer. Marthe est de toute évidence coupée et dissociée de ses ressources, de ses capacités à se protéger et à faire face. Le travail thérapeutique avec Marthe est de l’accompagner dans un travail de reliaison avec ses ressources, et surtout de percevoir que les ressources sont relationnelles et qu’elles ne peuvent être que relationnelles. Comment percevoir la dimension relationnelle des ressources lorsque les relations ont été à ce point mises en péril ?
EN THÉRAPIE
Marthe vient en thérapie avec son vécu dissociatif et son monde de détresse et d’inquiétude. La sécurité dans le lien est temporairement perdue pour laisser place à la peur et l’isolement. Le thérapeute observe, écoute et accueille ce qui vient de Marthe. Il n’est jamais sûr de parvenir à la rejoindre dans son monde, tant ce monde est inquiétant, et il n’en a peut-être pas particulièrement envie. De quoi le thérapeute a-t-il besoin afin d’accompagner Marthe ? Et de quoi Marthe a besoin en retour dans la relation au thérapeute ? En somme : de quoi ont-ils besoin tous deux afin d’avancer ? Devant la très forte détresse de Marthe, le thérapeute peut être déstabilisé. Il peut arriver qu’il se laisse envahir par le vécu dissociatif de Marthe, il se dissocie lui-même et il est alors coupé de Marthe, il n’est alors plus en mesure de l’accompagner.
Dans ce cas de figure, le thérapeute est dissocié parce qu’il n’est plus en lien avec la dimension relationnelle de ses ressources (composée de ses tiers sécures). Afin de retrouver la sécurité relationnelle, le thérapeute peut proposer de faire une pause afin de retrouver, en auto-hypnose, ses expériences sécures actives et relationnelles. De cette manière, il va pouvoir accueillir ses propres ressentis sensoriels et ses affects en rapport avec ceux du patient. Accueillir l’insécurité du patient c’est être en mesure de se relier à la fois à ses expériences de sécurité relationnelle et en même temps de se relier au vécu d’insécurité du patient. Autrement dit, c’est parce qu’il retrouve une base de sécurité qu’il peut accueillir l’insécurité du patient. Métaphoriquement : c’est parce qu’il se sent soutenu par son parent et la confiance qu’il lui accorde, que l’enfant peut se lancer dans un nouvel apprentissage difficile comme la pratique du vélo. Dans la rencontre avec le patient, les tiers sécures du thérapeute sont les figures d’attachement (parents) et les personnes qui ont occupé une place importante dans sa vie (comme une grand-mère, un ami ou un coéquipier de sport). Pour le thérapeute, ce peut être également les professeurs qui lui ont enseigné une approche thérapeutique et qui se sont présentés comme supports rassurants dans la rencontre avec le patient à l’occasion de démonstrations.
Quant à Marthe, elle peut alors se sentir entendue dans la rencontre avec ce thérapeute : elle se sent écoutée, accueillie. Sans s’en rendre compte, elle est en train de se réassocier dans la relation, elle se sent en lien à un niveau sensible. Elle peut alors se relier à la communauté des hommes dans un partage affectif *. Ils semblent tous deux, thérapeute et patient, être concernés par la même nécessité, à savoir celle de retrouver de la sécurité dans la relation. Le thérapeute dans une reliaison avec la sécurité de ses tiers sécures, le patient dans son lien au thérapeute. Cette rencontre permettra un accordage suffisant afin d’inviter le patient à retrouver les liens avec ses propres tiers sécures.
LA NOTION DE RESSOURCE CHEZ ERICKSON EN LIEN AVEC LA ZONE PROXIMALE DE DÉVELOPPEMENT DE VYGOTSKI
A ce stade, peut-être est-il nécessaire de préciser la notion de ressource. Il s’agit d’un terme régulièrement utilisé en thérapies brèves, mais il n’est pas certain qu’il soit bien clair. Une première lecture de la notion de ressource peut être rattachée à celle d’apprentissage. A travers la notion d’apprentissage, Vygotski est d’une grande aide afin de percevoir en quoi la ressource est relationnelle. En effet, dans la notion de zone proximale de développement, Vygotski développe une description dynamique des processus d’apprentissage. Lorsque l’enfant apprend, il y parvient dans une situation relationnelle (un contexte) dans laquelle l’enfant perçoit le soutien et la confiance de l’autre. Cette confiance a permis d’effectuer une action et d’en accepter l’imperfection (voire l’échec). Le soutien actif du type « tu vas finir par y arriver » du tiers permet de poursuivre l’action jusqu’à un début de succès. Ce premier succès sera reconnu, validé et félicité. Cette reconnaissance constituera une motivation à la répétition afin d’acquérir la nouvelle notion (la compétence, le savoir, etc.).
L’apprentissage n’est pas seulement une acquisition personnelle du type « je sais faire ceci ou cela », elle est le résultat d’un processus dans lequel des tiers ont activement participé aux conditions de possibilités de cette acquisition. Dans tout apprentissage, la relation est incluse implicitement. Elle est implicite parce que discrète, silencieuse ou en sourdine : elle n’est plus perçue consciemment. C’est par l’intervention active d’un tiers soutenant et validant que cet apprentissage a pu s’effectuer et être opérant. La notion de ressource en thérapie peut être conçue comme l’ensemble de tous les apprentissages effectués et assimilés : la marche, la pratique du vélo, la nage, la conduite automobile, mais également parler, compter, écrire, construire un raisonnement, etc. Chaque apprentissage et donc chaque ressource peut se développer, et successivement s’enrichir de nouveaux apprentissages. Ce processus se poursuit tout au long de la vie. Lorsque Marthe ne parvient plus à s’apaiser, lorsqu’elle est figée dans l’inquiétude, lorsque à tout moment elle semble voir surgir son mari et être violent à l’égard de ses enfants et d’elle-même, elle se sent terrifiée, isolée et vulnérable. En effet, quand le patient ne parvient plus à s’adapter à une situation nouvelle, lorsqu’il est figé et bloqué dans un processus qui l’enferme, c’est que la dimension relationnelle de ses ressources est perdue, qu’elle n’est plus accessible.
Dès lors, le patient n’est plus en contact avec la relation, avec un tiers sécure, donc avec ses ressources et sa dimension « d’adaptabilité ». C’est lorsque le patient, Marthe en l’occurrence, ne perçoit plus la dimension active et relationnelle de sa ressource qu’il ne peut plus l’utiliser afin de mobiliser cette ressource, de manière analogique. Il n’y a plus d’adaptation, l’acquisition (l’apprentissage, la ressource) n’est plus un modèle sur lequel une nouvelle construction comportementale adaptative peut s’effectuer ou apparaître. La capacité d’adaptation pour ré-utiliser un apprentissage dans un autre domaine est perdue. Elle est perdue parce que la dimension relationnelle est perdue.
DÉTOUR PAR LA THÉORIE DE L’ATTACHEMENT
Pour lire la suite de l’article et commander la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°66
SITUATION CLINIQUE
En attendant dans la salle d’attente, la tension de Marthe est perceptible. Elle entre dans le bureau précipitamment. Elle semble désorientée et ne sait pas où s’installer. Elle finit par choisir un siège, elle s’y pose tout au bord, les pieds rentrés, les mains sont crispées et accrochées l’une à l’autre afin de se soutenir réciproquement. Ses yeux bleus semblent délavés par les larmes, voire essorés. Lors des premiers échanges, Marthe explique qu’elle est partie avec ses trois enfants. Ils sont hébergés dans un foyer qui accueille un parent qui décide de quitter le domicile conjugal afin d’échapper à un danger. Elle parle de la violence de son mari.
Elle parle également de son papa qui est malade d’un cancer. Elle a actuellement une peur panique de sortir de son logement. Elle a peur de croiser son mari, elle craint qu’il ne la trouve, ou plutôt qu’il ne les trouve, elle et ses enfants. Elle ajoute : « Mes enfants sont actuellement dans un parc avec mes parents, j’ai peur pour eux, je ne sais pas de quoi il est capable. » Pendant tout l’entretien, le visage de Marthe est meurtri, le front semble replié sur lui-même, les yeux inquiets, les lèvres rentrées, chaque membre est tendu, à leur limite. Tout le corps de Marthe semble exprimer l’inquiétude, celle qu’elle ne cesse d’exprimer. Cette tension, je la perçois dans mon corps, elle est palpable et elle me traverse. C’est désagréable. La concordance entre les propos inquiétants et l’extrême tension corporelle semble tout emporter dans la pièce. Comment accompagner Marthe ? Comment trouver les mots ? Comment ne pas être emporté par un mouvement émotionnel ravageur ? Comment accompagner cette détresse si commune dans les consultations en thérapie ?
Marthe arrive avec son monde, celui qui la traverse, celui qui s’ouvre dans ses mots et dans son corps. Pour le thérapeute l’enjeu est de trouver la bonne distance par rapport à ce monde : trop éloigné et le patient se sent seul et incompris, trop proche et le patient éprouve un vécu d’intrusion, voire d’agression. Dans une telle situation, le patient sera tenté de vouloir faire disparaître les signes (ou les symptômes) les plus gênants : l’inquiétude et l’anxiété. Accéder à une telle demande en tant que thérapeute, ce serait oublier la fonction de l’anxiété, à savoir un signal d’alarme face à un danger. Travailler à faire disparaître l’anxiété serait contradictoire avec la nécessité de la présence de ce signal. Lorsqu’on éteint le signal d’alarme à incendie, les flammes ne s’éteignent pas pour autant. Encore faut-il appeler les pompiers : les ressources ! Par conséquent, l’enjeu de la thérapie est de mobiliser les ressources de la patiente afin qu’elle puisse trouver le comportement le plus adapté face au danger.
Mais, qu’est qu’une ressource ? La ressource est l’ensemble des actions, des relations et des expériences du patient qui ont contribué à construire sa vie afin d’avancer. Marthe est de toute évidence coupée et dissociée de ses ressources, de ses capacités à se protéger et à faire face. Le travail thérapeutique avec Marthe est de l’accompagner dans un travail de reliaison avec ses ressources, et surtout de percevoir que les ressources sont relationnelles et qu’elles ne peuvent être que relationnelles. Comment percevoir la dimension relationnelle des ressources lorsque les relations ont été à ce point mises en péril ?
EN THÉRAPIE
Marthe vient en thérapie avec son vécu dissociatif et son monde de détresse et d’inquiétude. La sécurité dans le lien est temporairement perdue pour laisser place à la peur et l’isolement. Le thérapeute observe, écoute et accueille ce qui vient de Marthe. Il n’est jamais sûr de parvenir à la rejoindre dans son monde, tant ce monde est inquiétant, et il n’en a peut-être pas particulièrement envie. De quoi le thérapeute a-t-il besoin afin d’accompagner Marthe ? Et de quoi Marthe a besoin en retour dans la relation au thérapeute ? En somme : de quoi ont-ils besoin tous deux afin d’avancer ? Devant la très forte détresse de Marthe, le thérapeute peut être déstabilisé. Il peut arriver qu’il se laisse envahir par le vécu dissociatif de Marthe, il se dissocie lui-même et il est alors coupé de Marthe, il n’est alors plus en mesure de l’accompagner.
Dans ce cas de figure, le thérapeute est dissocié parce qu’il n’est plus en lien avec la dimension relationnelle de ses ressources (composée de ses tiers sécures). Afin de retrouver la sécurité relationnelle, le thérapeute peut proposer de faire une pause afin de retrouver, en auto-hypnose, ses expériences sécures actives et relationnelles. De cette manière, il va pouvoir accueillir ses propres ressentis sensoriels et ses affects en rapport avec ceux du patient. Accueillir l’insécurité du patient c’est être en mesure de se relier à la fois à ses expériences de sécurité relationnelle et en même temps de se relier au vécu d’insécurité du patient. Autrement dit, c’est parce qu’il retrouve une base de sécurité qu’il peut accueillir l’insécurité du patient. Métaphoriquement : c’est parce qu’il se sent soutenu par son parent et la confiance qu’il lui accorde, que l’enfant peut se lancer dans un nouvel apprentissage difficile comme la pratique du vélo. Dans la rencontre avec le patient, les tiers sécures du thérapeute sont les figures d’attachement (parents) et les personnes qui ont occupé une place importante dans sa vie (comme une grand-mère, un ami ou un coéquipier de sport). Pour le thérapeute, ce peut être également les professeurs qui lui ont enseigné une approche thérapeutique et qui se sont présentés comme supports rassurants dans la rencontre avec le patient à l’occasion de démonstrations.
Quant à Marthe, elle peut alors se sentir entendue dans la rencontre avec ce thérapeute : elle se sent écoutée, accueillie. Sans s’en rendre compte, elle est en train de se réassocier dans la relation, elle se sent en lien à un niveau sensible. Elle peut alors se relier à la communauté des hommes dans un partage affectif *. Ils semblent tous deux, thérapeute et patient, être concernés par la même nécessité, à savoir celle de retrouver de la sécurité dans la relation. Le thérapeute dans une reliaison avec la sécurité de ses tiers sécures, le patient dans son lien au thérapeute. Cette rencontre permettra un accordage suffisant afin d’inviter le patient à retrouver les liens avec ses propres tiers sécures.
LA NOTION DE RESSOURCE CHEZ ERICKSON EN LIEN AVEC LA ZONE PROXIMALE DE DÉVELOPPEMENT DE VYGOTSKI
A ce stade, peut-être est-il nécessaire de préciser la notion de ressource. Il s’agit d’un terme régulièrement utilisé en thérapies brèves, mais il n’est pas certain qu’il soit bien clair. Une première lecture de la notion de ressource peut être rattachée à celle d’apprentissage. A travers la notion d’apprentissage, Vygotski est d’une grande aide afin de percevoir en quoi la ressource est relationnelle. En effet, dans la notion de zone proximale de développement, Vygotski développe une description dynamique des processus d’apprentissage. Lorsque l’enfant apprend, il y parvient dans une situation relationnelle (un contexte) dans laquelle l’enfant perçoit le soutien et la confiance de l’autre. Cette confiance a permis d’effectuer une action et d’en accepter l’imperfection (voire l’échec). Le soutien actif du type « tu vas finir par y arriver » du tiers permet de poursuivre l’action jusqu’à un début de succès. Ce premier succès sera reconnu, validé et félicité. Cette reconnaissance constituera une motivation à la répétition afin d’acquérir la nouvelle notion (la compétence, le savoir, etc.).
L’apprentissage n’est pas seulement une acquisition personnelle du type « je sais faire ceci ou cela », elle est le résultat d’un processus dans lequel des tiers ont activement participé aux conditions de possibilités de cette acquisition. Dans tout apprentissage, la relation est incluse implicitement. Elle est implicite parce que discrète, silencieuse ou en sourdine : elle n’est plus perçue consciemment. C’est par l’intervention active d’un tiers soutenant et validant que cet apprentissage a pu s’effectuer et être opérant. La notion de ressource en thérapie peut être conçue comme l’ensemble de tous les apprentissages effectués et assimilés : la marche, la pratique du vélo, la nage, la conduite automobile, mais également parler, compter, écrire, construire un raisonnement, etc. Chaque apprentissage et donc chaque ressource peut se développer, et successivement s’enrichir de nouveaux apprentissages. Ce processus se poursuit tout au long de la vie. Lorsque Marthe ne parvient plus à s’apaiser, lorsqu’elle est figée dans l’inquiétude, lorsque à tout moment elle semble voir surgir son mari et être violent à l’égard de ses enfants et d’elle-même, elle se sent terrifiée, isolée et vulnérable. En effet, quand le patient ne parvient plus à s’adapter à une situation nouvelle, lorsqu’il est figé et bloqué dans un processus qui l’enferme, c’est que la dimension relationnelle de ses ressources est perdue, qu’elle n’est plus accessible.
Dès lors, le patient n’est plus en contact avec la relation, avec un tiers sécure, donc avec ses ressources et sa dimension « d’adaptabilité ». C’est lorsque le patient, Marthe en l’occurrence, ne perçoit plus la dimension active et relationnelle de sa ressource qu’il ne peut plus l’utiliser afin de mobiliser cette ressource, de manière analogique. Il n’y a plus d’adaptation, l’acquisition (l’apprentissage, la ressource) n’est plus un modèle sur lequel une nouvelle construction comportementale adaptative peut s’effectuer ou apparaître. La capacité d’adaptation pour ré-utiliser un apprentissage dans un autre domaine est perdue. Elle est perdue parce que la dimension relationnelle est perdue.
DÉTOUR PAR LA THÉORIE DE L’ATTACHEMENT
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ARNAUD ZEMAN
Psychologue clinicien. Psychologue en libéral. Psychologue en ITEP (Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique). Formateur en hypnose ericksonienne à l’Institut Milton Erickson de Nantes (ARePTA), à la Faculté de Psychologie de Nantes et au DU d’Hypnose. Superviseur.
Commander la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°66
N°66 : Aout / Septembre / Octobre 2022
Dans ce n°66, nous verrons comment aider les personnes qui nous consultent à sortir des effets des histoires dissociatives dans lesquels elles sont enfermées. Le questionnement développé dans les thérapies brèves est une aide essentielle pour rendre possible l’activation des processus de réassociation.
Edito:
. Julien Betbèze : Approche stratégique et acceptation de la solitude
. Alain Vallée développe un exemple clinique nous montrant comment la conversation d’engagement ouvre de nouvelles possibilités d’agir chez un sujet présentant un diabète de type 2 et qui ne parvenait pas jusque-là, malgré les risques somatiques, à modifier sa relation à l’alimentation.
Spécialiste mondialement connu de l’approche stratégique, Giorgio Nardone explique l’importance de différencier trois manifestations différentes de la solitude. Il enseigne comment apprendre à être avec les autres, et le chemin vers l’acceptation de la solitude, acceptation nécessaire pour faire vivre une relation.
Véronique Cohier-Rahban poursuit sa réflexion sur la prise en charge des enfants soumis aux effets des violences intergénérationnelles. Elle nous montre comment Armel, enfermé dans le rôle « d’enfant problème », va se libérer de son rôle sacrificiel par le questionnement circulaire et la mise en place de relations de coopération dans la famille.
A travers le cas de Marthe, enfermée dans son monde de détresse et d’inquiétude, Arnaud Zeman décrit comment le thérapeute, en se mettant en lien avec ses ressources relationnelles, accueille ses ressentis corporels et ses affects pour construire un accordage avec un sujet prisonnier de son vécu dissociatif. Cet accordage est le premier pas vers un nouveau positionnement rendant possible le changement.
Le dossier thématique sur le lien thérapeutique se poursuit avec Karine Ficini qui nous fait part de l’histoire de Daniel, orphelin à l’âge de 4 ans, et dont les étapes de vie sont marquées par le pouvoir du monde abandonnique. Avec l’utilisation des mouvements alternatifs et de questions centrées sur la traduction corporelle de la confiance en soi, elle tisse un nouveau lien humain qui génère une nouvelle action signifiante pour le sujet.
Bertrand Hénot utilise le questionnement narratif et solutionniste pour aider Louis à modifier son regard sur les services sociaux et sur lui-même, afin de réinvestir son rôle de père et se mettre en chemin pour retrouver la garde de son fils.
Dans l’espace « Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente trois articles sur l’apport de l’hypnose en gériatrie.
Sarah Muller, dans son article sur les conversations hypnotiques en psychogériatrie, nous raconte comment Mme D. qui présente un diagnostic de Démence fronto-temporal, intègre l’Ehpad à 92 ans, suite à une chute, et va bénéficier d’un accompagnement complet à la toilette, effectuée au lit.
Véronique Treussier-Ravaud expose le cas clinique de Mme L.F. patiente âgée qui souffre de troubles cognitifs sévères. Une séance d’hypnose pendant sa toilette, avec ancrage musical et techniques apaisantes, a pour bout de la réinstaller dans un état de bien-être.
. Blandine Rossi-Bouchet, orthophoniste, nous explique comment elle utilise l’hypnose dans sa pratique quotidienne auprès des personnes âgées.
Dans la chronique « Bonjour et après », vous trouverez les premières consultations d’Elisabeth qui noie son ennui dans l’alcool. Sophie Cohen utilise le questionnement stratégique et l’hypnose pour aider la patiente à quitter ses tentatives de solution.
Enfin, Nicolas D’Inca nous livre un article passionnant sur le chamanisme et les animaux de pouvoir pour retrouver les liens au monde vivant.
Crédit photo Jean-Michel HERIN
Dans ce n°66, nous verrons comment aider les personnes qui nous consultent à sortir des effets des histoires dissociatives dans lesquels elles sont enfermées. Le questionnement développé dans les thérapies brèves est une aide essentielle pour rendre possible l’activation des processus de réassociation.
Edito:
. Julien Betbèze : Approche stratégique et acceptation de la solitude
. Alain Vallée développe un exemple clinique nous montrant comment la conversation d’engagement ouvre de nouvelles possibilités d’agir chez un sujet présentant un diabète de type 2 et qui ne parvenait pas jusque-là, malgré les risques somatiques, à modifier sa relation à l’alimentation.
Spécialiste mondialement connu de l’approche stratégique, Giorgio Nardone explique l’importance de différencier trois manifestations différentes de la solitude. Il enseigne comment apprendre à être avec les autres, et le chemin vers l’acceptation de la solitude, acceptation nécessaire pour faire vivre une relation.
Véronique Cohier-Rahban poursuit sa réflexion sur la prise en charge des enfants soumis aux effets des violences intergénérationnelles. Elle nous montre comment Armel, enfermé dans le rôle « d’enfant problème », va se libérer de son rôle sacrificiel par le questionnement circulaire et la mise en place de relations de coopération dans la famille.
A travers le cas de Marthe, enfermée dans son monde de détresse et d’inquiétude, Arnaud Zeman décrit comment le thérapeute, en se mettant en lien avec ses ressources relationnelles, accueille ses ressentis corporels et ses affects pour construire un accordage avec un sujet prisonnier de son vécu dissociatif. Cet accordage est le premier pas vers un nouveau positionnement rendant possible le changement.
Le dossier thématique sur le lien thérapeutique se poursuit avec Karine Ficini qui nous fait part de l’histoire de Daniel, orphelin à l’âge de 4 ans, et dont les étapes de vie sont marquées par le pouvoir du monde abandonnique. Avec l’utilisation des mouvements alternatifs et de questions centrées sur la traduction corporelle de la confiance en soi, elle tisse un nouveau lien humain qui génère une nouvelle action signifiante pour le sujet.
Bertrand Hénot utilise le questionnement narratif et solutionniste pour aider Louis à modifier son regard sur les services sociaux et sur lui-même, afin de réinvestir son rôle de père et se mettre en chemin pour retrouver la garde de son fils.
Dans l’espace « Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente trois articles sur l’apport de l’hypnose en gériatrie.
Sarah Muller, dans son article sur les conversations hypnotiques en psychogériatrie, nous raconte comment Mme D. qui présente un diagnostic de Démence fronto-temporal, intègre l’Ehpad à 92 ans, suite à une chute, et va bénéficier d’un accompagnement complet à la toilette, effectuée au lit.
Véronique Treussier-Ravaud expose le cas clinique de Mme L.F. patiente âgée qui souffre de troubles cognitifs sévères. Une séance d’hypnose pendant sa toilette, avec ancrage musical et techniques apaisantes, a pour bout de la réinstaller dans un état de bien-être.
. Blandine Rossi-Bouchet, orthophoniste, nous explique comment elle utilise l’hypnose dans sa pratique quotidienne auprès des personnes âgées.
Dans la chronique « Bonjour et après », vous trouverez les premières consultations d’Elisabeth qui noie son ennui dans l’alcool. Sophie Cohen utilise le questionnement stratégique et l’hypnose pour aider la patiente à quitter ses tentatives de solution.
Enfin, Nicolas D’Inca nous livre un article passionnant sur le chamanisme et les animaux de pouvoir pour retrouver les liens au monde vivant.
Crédit photo Jean-Michel HERIN