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Dialogue avec les tiers sécurisants. Arnaud ZEMAN pour la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°71.


La sécurité relationnelle.



Comment apporter de l’apaisement à des patients « englués » dans leurs problèmes ? Grâce à un travail avec les tiers sécures, ces personnes ressources avec lesquelles ils se sont sentis un jour compris, soutenus, accompagnés. Illustration avec le cas de Sandrine, qui a traversé des périodes d’effondrement...

Nombreux sont les patients qui viennent consulter et traduisent leur détresse dans l’entretien. Ils expriment cette dé- tresse en évoquant des sensations dés- agréables dans leur corps, accompagnées de pensées pénibles, voire inquiétantes. Pour exprimer cette détresse, ils emploient des mots comme « angoisse », « stress », « anxiété » ou « épuisement ». Comment accompagner ces patients traversés par ces sensations et ces pensées ? Comment modifier ce vécu perturbé et perturbant ? Comment retrouver de l’apaisement ?

Par rapport à ce type de détresse, le travail thérapeutique indiqué consiste à retrouver des expériences de sécurité relationnelle. L’expérience de sécurité relationnelle se réalise au sein des liens. Elle se manifeste dans des relations de confiance avec des personnes qui ont compté dans la vie du sujet. Cette sécurité relationnelle est vécue au niveau corporel et elle s’accompagne de gestes spontanés et d’actions libres qui sont perçus comme tels dans la relation à l’autre, ainsi que dans la relation à soi. Autrement dit, la sécurité relationnelle émerge lorsque « je me sens libre et en relation », lorsque les liens déploient les possibilités dans la vie. En outre, la sécurité relationnelle est à la base de la notion de ressource.

LA RESSOURCE

La notion de ressource est essentielle en thérapies brèves. Lorsque le thérapeute travaille avec le patient sur ses problèmes, ils recherchent ensemble des ressources afin de dégager le patient de l’influence du problème dans sa vie. Or, pour nous la ressource n’est pas seulement un « bien être », un « ciel dégagé sans nuages », un « bon moment » ou un « lieu d’apaisement » (lieu sûr ou « safe place »), elle est plu- tôt un moment vivant, dans lequel le sujet est en relation avec le monde, les autres et, en retour, avec lui-même. En thérapie, certains patients sont traversés par des pensées perturbantes, par des gestes dans lesquels ils ne se reconnaissent pas et des sensations désagréables, autrement dit ils sont englués dans l’espace problème. Lorsque le patient est pris dans cet espace problème, il ne parvient plus à mobiliser ses ressources. Plus précisément, il n’arrive plus à percevoir la dimension relationnelle de ses ressources et il se sent alors seul et isolé.

De fait, le patient vit ses ressources comme indépendantes des relations et, pour lui, les ressources sont réduites à des capacités ou des aptitudes, elles deviennent des outils techniques. Les ressources qui ne sont pas reliées aux relations de- viennent vides, elles perdent leur épaisseur, elles semblent ne plus avoir de chair, elles sont désincarnées. Dès lors, elles ne sont plus reliées à la dimension sensorielle et affective de l’expérience de vie du patient, celles qui sont vécues dans le corps. Cela témoigne d’un effondrement et tout effondrement est une perte de sens dans les expériences de vie. Par exemple, lors d’un entretien, une patiente présentant des troubles anorexiques peut dire qu’elle sait qu’elle compte pour les autres (et notamment ses parents) mais qu’elle n’y croit pas du tout. Elle vit une contradiction entre ce qu’elle pense (dans sa tête) et ce qu’elle ressent (dans son corps). Elle dit ceci:«La vie ne sert à rien. Je ne sers à rien. A choisir entre la mort de quelqu’un d’autre et la mienne, je choisirais sans hésiter la mienne. »

Retrouver des moments de sécurité relationnelle peut considérablement relancer les processus de reconnexion avec le réseau relationnel. Toutefois, lorsque cette approche ne parvient pas à apporter le changement à la hauteur des attentes du patient, il est indiqué de travailler sur des expériences dans les- quelles le patient s’est senti soutenu, compris et entendu : il s’agit du travail avec les tiers sécures.

LA RÉCIPROCITÉ

Les tiers sécures se manifestent lorsque, dans les moments de vie du patient, une personne lui a fait vivre un sentiment de soutien dans la relation. C’est le travail de Michael White et de la thérapie narrative qui a eu le mérite de mettre en évidence de manière significative la place de ces relations de soutien, dans une articulation entre les actions et les intentions. Le tiers sécure, c’est celui que perçoit le bébé lorsqu’il se sent soutenu et accompagné dans des moments de détresse. Le tiers sécure est également celui qui est présent auprès de l’enfant et qui accompagne les nombreuses situations d’apprentissage comme la marche, la parole, l’écriture, le vélo, la nage, etc. Dans ces situations d’apprentissage, celui qui enseigne fait con-iance dans la capacité d’apprentissage de l’apprenant, et réciproquement, celui qui apprend fait confiance à l’enseignant dans sa capacité à lui transmettre ce qu’il sait. Ces relations de soutien sont présentes tout au long de la vie et plusieurs dimensions apparaissent au sein de la relation : montrer, répéter, encourager et valider. Ces processus se poursuivent dans chaque étape de l’existence, aussi bien dans les vécus professionnels que dans l’apprentissage de nouveaux sports ou dans les voyages. Ce n’est pas seulement à travers des actions que la relation avec ce tiers génère de la sécurité mais surtout dans la qualité de la présence, dans la disposition particulière d’être sensible, d’accueillir ou de porter. Il s’agit d’une toute présence relationnelle. François Jullien écrit ceci : « Seule la présence intime de l’Autre en soi (de soi en l’Autre), chacun étant débordé de “soi” par l’autre (...), maintient la possibilité pour chacun de développer le plus librement son expérience » (dans Altérités).

Parfois, au bord de la mer, on croise un couple de petits vieux, assis l’un à côté de l’autre, presque l’un contre l’autre, silencieux, observant les enfants jouer, le paysage varier ou les oiseaux chanter, comme en phase, comme accordés, se satisfaisant de la seule présence du conjoint à ses côtés, comme uniquement sensibles à l’effet de la présence de l’autre pour vivre ce moment. Il s’agit d’une relation qui se suffit à elle- même, dans laquelle la présence à l’autre et à soi-même est pleine.…

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ARNAUD ZEMAN

Psychologue clinicien. Psychologue en libéral. Psychologue en ITEP (Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique). Formateur en hypnose ericksonienne à l’Institut Milton Erickson de Nantes (ARePTA), à la Faculté de Psychologie de Nantes et au DU d’Hypnose. Superviseur.

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Rédigé le 22/07/2024 à 12:06 | Lu 1031 fois | 0 commentaire(s) modifié le 23/07/2024

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